"Danielgate" : Communiqué du Cabinet royal, les réactions

Des jeunes ont protesté, vendredi soir devant le Parlement, contre la grâce accordée au pédophile espagnol

Des jeunes ont protesté, vendredi soir devant le Parlement, contre la grâce accordée au pédophile espagnol . Brahim Taougar - Le360

Le communiqué du Cabinet royal à propos de la grâce du pédophile espagnol suscite différentes réactions. Les politologues sont unanimes, cette intervention est une première qui vient "lever les équivoques" dans cette affaire. Analyse.

Le 04/08/2013 à 01h25, mis à jour le 04/08/2013 à 07h48

Le Palais royal a réagi pour "lever les équivoques" dans l’affaire de la libération du criminel espagnol, une intervention jugée "nécessaire" par des analystes politiques afin qu’on ne se "trompe pas de débat et qu’on passe à autre chose". "C’est une première parce que le sujet était porteur d’une grande émotion. Ce qui a justifié une intervention rapide du Cabinet royal", a affirmé Khalid Naciri, chercheur universitaire et ancien ministre de la Communication. "La monarchie a été toujours extrêmement attentive aux préoccupations de la société marocaine et le fait de préciser qu’une enquête sérieuse doit être menée pour déterminer les responsabilités de cette défaillance est une décision à applaudir", selon ce dirigeant du PPS.

Un tournant positif

Pour le politologue Mohamed Darif, le communiqué du Palais royal est un "tournant" car il reflète "le Maroc nouveau". "C’est un tournant positif, un comportement qui cherche à prendre en considération les réactions objectives de la population", estime Darif. Ce chercheur universitaire considère le communiqué du Palais royal comme un "appel adressé au ministre de la Justice" pour qu’il réforme "le mécanisme de fonctionnement de la commission des grâces". "Le droit de grâce conféré au souverain est indiscutable", a-t-il tenu à souligner. Mais la commission siégeant au ministère, a-t-il noté, est dénoncée depuis des décennies, car elle est accusée de "partialité". "A travers ce communiqué, selon Mohamed Darif, le roi a réaffirmé qu’il est le premier protecteur des droits des victimes ainsi que ceux de la partie civile. "L’ouverture d’une enquête est très importante, le souverain donne raison aux réactions objectives, et souligne qu’une faute a été commise dans cette affaire", ajoute-t-il.

Abderrahim Jamai, président de l’Observatoire des prisons, estime que "la rue a été très réactive. Le communiqué du Palais royal reconnaît l’existence d’erreurs. La décision de mettre en place une commission d’enquête est sage". "Il faut que ses résultats soient communiqués au public et que les responsables rendent des comptes", a ajouté Me Jamai en critiquant vivement la commission des grâces. "Le roi n’étudie pas les dossiers cas par cas. Mais la commission est responsable du suivi et de l’exécution. La composition de cette commission est dominée par le caractère politique et sécuritaire. Je lui préfère une commission parlementaire qui proposerait dorénavant la grâce au roi", précise cet ancien bâtonnier.

Pour Me Mourad Bekkouri, il faut se réjouir de la décision du Palais royal. "Il y a une commission d’enquête, maintenant il faut passer à autre chose et mettre fin à cette polémique", note-t-il. Et de préciser : "La réforme de la commission des grâces telle que demandée par le souverain au ministre de la Justice est une chose extraordinaire. Elle va dorénavant veiller de manière scrupuleuse pour que de telles erreurs ne se reproduisent plus", a souligné cet avocat du barreau de Rabat. A noter que le PAM et le PSU, deux partis d’opposition, ont été les seuls parmi les partis politiques à avoir demandé l’ouverture d’une enquête sur cette affaire. Ce n’est qu’après la publication du communiqué du Cabinet royal que les autres formations politiques ont commencé à alimenter la liste des réactions.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 04/08/2013 à 01h25, mis à jour le 04/08/2013 à 07h48