Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a répondu au boycott des quatre partis politiques à sa séance parlementaire mensuelle en affirmant dans une salle à moitié vide -les débats ont été retransmis en direct par la première chaîne- que l’ère de "l’enrichissement rapide" est révolue, tout en ajoutant qu’il ne dévierait pas de sa ligne des grandes réformes. 167 députés issus des quatre partis d’opposition ont boycotté ce vendredi après midi l’intervention du chef du gouvernement. L'opposition accuse Benkirane de continuer à leur refuser une durée plus longue dans leur droit de réponse au chef du gouvernement au Parlement.
La séance de vendredi était consacrée aux réponses de Benkirane sur "l’impact du gel des investissements de 15 milliards de dirhams décidé par l’Exécutif'. "Le gouvernement n’est pas là pour ses intérêts, mais il y a des parties qui (visent) des intérêts. Nous sommes là pour servir le peuple. Nous continuerons à appliquer toutes les réformes", a-t-il ajouté.
S’adressant indirectement à l’opposition, le chef du gouvernement dit qu’il se refuse de "faire couler le navire" en choisissant le recours aux emprunts internationaux. "Je ne suis pas en poste pour détruire. Le vote aux élections est libre, il y aura ceux qui seront à mes côtés, les autres s’ils ne veulent pas voter pour moi sont aussi libres", a souligné Abdelilah Benkirane en minimisant le gel des 15 milliards de DH d’investissement public.
"Si on ne construit pas aujourd’hui totalement une école cette année on le fera dans le cadre du prochain budget", a indiqué Benkirane. Selon lui, "la mesure de réduction de cet investissement n’est pas une nouveauté puisque des gouvernements précédents l’avaient déjà prise". "Nous prévoyons comme promis de ramener en 2013 le déficit budgétaire à 4,8%", a annoncé le chef du gouvernement. Et de préciser que "le budget total pour les investissements publics à réaliser en 2013 s’élèveront à 180 milliards de dirhams".
"Nous sommes transparents"
Dans son intervention, le chef du gouvernement a évoqué la "transparence" qui "guide" son cabinet. "On aurait facilement pu ne rien dire sur cette amputation du budget. Mais la clarté et la légalité nous a imposées de vous faire partager cette décision . Il vaut mieux être transparent même si c’est douloureux. Le peuple comprend les choses et les accepte", a souligné le chef de l’Exécutif dans un message à l’opposition selon lequel le "boycott" de la séance du Parlement "ne sera pas lui compris par le peuple".
A propos de l’impact de cette réduction du budget sur le monde rural, Benkirane a assuré que les "chantiers prioritaires ne seront pas touchés". "Nous allons seulement retardé certains projets pour l’intérêt du pays. Je suis très sensible à la situation dans laquelle vit le monde rural", a souligné Benkirane. Même chose pour les pauvres dans les villes et le monde rural. "Nos cœurs sont avec eux. Je remercie Dieu pour les pluies bienfaitrices", a-t-il conclu avant d’annoncer que désormais "les hôpitaux de campagne seront renforcés deux fois par semaines par la présence de deux médecins dans chaque des centres médicaux de campagne."
A l’ouverture de la séance parlementaire, le chef du groupe des députés de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), Ahmed Zaidi a réclamé un droit de parole pour annoncer un boycott collectif auquel participent les députés de l’USFP, le PAM (Parti authenticité et modernité), le RNI (Rassemblement national des indépendants) et l’Union constitutionnelle (UC). "Au nom de ces partis, nous annonçons notre décision de boycotter cette séance mensuelle pour protester contre l’attitude du chef du gouvernement. Depuis 2012, avons réclamé en vain un règlement de la question de la durée d’intervention mais face à ce silence , la seule réaction est le boycot", a déclaré Ahmed Zaidi avant quitter la salle en compagnie des trois autres chefs de groupe de l’opposition. Aussitôt après le chef du groupe du PJD, Abdellah Bouanou, a affirmé que le "boycott de la séance parlementaire mensuelle par l’opposition relève du chantage et l’application de la Constitution s’applique à tout le monde".