Cour des comptes: Le PJD et l'Istiqlal à couteaux tirés

Brahim Taougar Le360

Revue de presseKiosque360. Le rapport 2012 de la Cour des comptes secoue l'Istiqlal. Le PJD attend avec impatience la prochaine session parlementaire pour interpeller le gouvernement sur la suite à donner aux conclusions de ce rapport choc.

Le 25/02/2014 à 23h37

La session parlementaire d'avril s'annonce chaude. A lire la presse de ce mercredi 26 février, on apprend que le groupe parlementaire du PJD compte poser une vingtaine de questions au gouvernement sur les dysfonctionnements et les abus relevés par le rapport 2012 de la Cour des comptes. Au menu, le chapitre réservé au ministère de la Santé portant sur les irrégularités pointées du doigt en ce qui concerne l'introduction, en 2010, de nouveaux vaccins anti-pneumococcique et anti-rotavirus. Cette décision avait été prise par l’istiqlalienne Yasmina Baddou, alors à la tête de ce département. Dans son rapport, la Cour des comptes a constaté "une insuffisance de données épidémiologiques justifiant l’introduction des deux vaccins".

Sur les colonnes d'Akhbar Al Yaoum, le chef du groupe parlementaire du PJD, Abdellah Bouanou, croit savoir "qu'en 2010, le Maroc n'avait pas besoin d'attribuer des financements importants pour l'achat de ces vaccins. D'autres secteurs de la santé en avaient pâti parce que leurs propres attributions budgétaires avaient été transférées pour l'achat de ces vaccins". Et d'ajouter que "86% de l'ensemble des programmes de la santé ont été engloutis par les deux marchés réservés aux vaccins et 90% du budget destiné à l'achat de l'ensemble des médicaments pour les hôpitaux ont été absorbés par l'importation de ces deux vaccins".

L'Istiqlal en colère

Assabah avance que la publication du rapport de la Cour des comptes a provoqué la colère des dirigeants de l'Istiqlal. Le journal estime que "les leaders du parti de Chabat ont tort dans leur position car Driss Jettou (président de la Cour des comptes) ne se base pas sur des considérations politiques" dans l'élaboration des rapports. A en croire toujours Assabah, le comité exécutif de l'Istiqlal s'est déclaré surpris par les conclusions dudit rapport. Il s'est défendu en notant que "20.000 enfants meurent chaque année dans le monde en l'absence de vaccins, ajoutant, surprenante déclaration, que le Maroc n'aurait pas dû s'offrir le luxe d'acheter des vaccins pour sauver des enfants".

Al Ahdath Al Maghribiya rapporte l'offensive de l'Istiqlal contre le ministre de la Santé actuel, Houssein El Ouardi. Le parti de Chabat souligne que "le gouvernement continue à importer les mêmes vaccins et qu'il ne les achète pas à travers l'Unicef, étant donné que le Maroc n'est pas sur la liste des pays pauvres pouvant bénéficier d'un soutien de la part de cette organisation". Tout porte à croire que l'Istiqlal accuse Driss Jettou d'aller au-delà de ses prérogatives. Mais ce parti oublie que la Cour des comptes a pour mission principale d'élaborer des rapports pour relever les irrégularités en matière de gouvernance. La Constitution actuelle a même renforcé les attributions de cette institution. Récemment, l'Istiqlal a appuyé la demande faite par certains députés de vouloir convoquer Driss Jettou à la Chambre des représentants. A l'avenir, tous les élus de la nation devront s'habituer à voir beaucoup plus souvent le président de la Cour des comptes dans leurs locaux, la nouvelle Constitution octroyant le droit aux chefs d'organismes publics chargés du contrôle et de l'élaboration de rapports de présenter en plénière les résultats de leur mission.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 25/02/2014 à 23h37