Une troisième prolongation de l’état d’urgence sanitaire et du confinement sera annoncée, a appris Le360 de sources concordantes. Soucieux de préserver les acquis sanitaires liés à la lutte contre le Covid-19, le gouvernement s’apprête à annoncer, la semaine prochaine, le prolongement de l’état d'urgence sanitaire, a appris Le360 auprès d’une source gouvernementale.
L’annonce devrait être faite par le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, le mercredi 10 juin, date coïncidant avec la fin de la troisième période de l’état d’urgence sanitaire, entré en vigueur le 20 mars 2020. La prorogation de l’état d’urgence sanitaire sera prise dans le cadre d’un décret du chef du gouvernement. Sa durée s’étendra vers «la fin du mois de juin et pourrait se prolonger au-delà, en fonction de l’évolution de la situation épidémique».
Lire aussi : Covid-19: sur instructions royales, lancement d’une vaste campagne de dépistage auprès des employés du secteur privé
«La prolongation de l’état d’urgence sanitaire est un dispositif normal en cette période de pandémie», a affirmé une source gouvernementale, contactée par Le360. «Plusieurs pays ont prolongé à plusieurs reprises l'urgence sanitaire», indique cette source qui cite, entre autres, les cas de la France, jusqu’au 24 juillet et l’Espagne jusqu’au 21 juin.
Ce dispositif, rappelle-t-on, constitue un ensemble de règles limitant la liberté de déplacement, la liberté de réunion (y compris la limitation de la circulation entre villes et régions) et la liberté de rassemblement. Il impose impérativement le port du masque sanitaire et la distanciation sociale. De plus, certaines réglementations liées à la gestion de cette période de crise ne peuvent se faire indépendamment de la prorogation de l’état d’urgence sanitaire.
Si le prolongement de l’état d’urgence sanitaire se justifie et pourrait même aller jusqu’à la fin de l’été, qu’en est-il du confinement? Les sources gouvernementales interrogées parlent de son maintien, mais «avec un assouplissement progressif». D’autres sources parlent de son maintien, selon les mêmes dispositions qui prévalent aujourd’hui.
Selon nos sources, «dans un souci de consolider les acquis de la lutte contre le virus», il n’est pas question d’annoncer, le 10 juin, la réouverture des cafés, des restaurants et des plages au Maroc.
«Nous ne voulons pas perdre les bénéfices obtenus jusqu’ici dans la lutte contre le Covid-19, car les six indicateurs, dont ceux de la létalité, de la contamination et de la réanimation, sont actuellement tous au vert», a souligné cette source gouvernementale. Un relâchement est particulièrement craint. Le foyer de contamination qui s’est déclaré il y a deux jours à Marrakech, en raison d’une soirée festive, montre que le virus peut resurgir à tout moment.
Lire aussi : Covid-19: à Marrakech, une soirée arrosée devient un foyer de contamination
L’autre raison qui plaide en faveur des prolongations est que «certaines entreprises ne jouent pas le jeu», selon notre source. En effet, les tests de dépistage massifs dans les entreprises, auquel le roi Mohammed VI a appelé le patronat dans un cadre participatif de la gestion de la pandémie, ne connaissent pas, du moins de la part de tous, l’empressement et le sérieux requis. Au sein de la CGEM, certaines entreprises s’interrogent sur la partie qui va payer la facture. De quoi ralentir la dynamique, mais aussi le déconfinement.
Depuis le début de la pandémie, l’Etat marocain a fait le choix de la primauté de la vie sur l’économie. La gestion sanitaire a été exemplaire, saluée par de nombreux pays. La réactivité et le sens d’inventivité dont ont fait preuve les Marocains dans la fabrication de masques, de solutions hydro-alcooliques, de respirateurs artificiels sont remarquables. La chaîne de solidarité nationale est également admirable. Mais la primauté de la vie sur l’économie a un prix qui est très lourd et diffuse un climat anxiogène. Il va donc falloir faire preuve de la même réactivité et inventivité qui ont prévalu au début de l’instauration de l’état d’urgence sanitaire pour surmonter une crise économique qui s’annonce sévère.