Dans la mairie de Casablanca, dirigée par le Parti de la Justice et du Développement (PJD), on envisage d’équiper 147 personnes -élus, fonctionnaires et adjoints- participant aux réunions et sessions du Conseil de la ville, de tablettes électroniques pour réduire la consommation de papier, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 29 et 30 octobre.
L’opération, noble en apparence puisqu'elle vise la réduction des charges de la commune en même temps que la consommation du papier, reste douteuse dans sa nature. En effet, aucun marché n’a été passé en ce sens de manière officielle, nul n’en connaît le bénéficiaire, pas plus que le montant de l’opération. Et cela, malgré les incessantes interrogations des élus à ce sujet. A aucun moment, le maire PJD et ses adjoints n’ont programmé de point se rapportant à cette question, dans l’ordre du jour des sessions du Conseil de la ville.
Cependant, des élus parlent d’une société connue, appartenant à un parent d’un responsable au sein du Conseil, et qui aurait remporté ce marché. Ce serait ce même responsable qui aurait incité des conseillers à proposer cette initiative de doter les élus et les fonctionnaires en tablettes, durant les réunions des Commissions afin de préparer le terrain et en vue de bénéficier lui-même de ce marché.
«Contre le népotisme et le clientélisme»
Selon les mêmes sources, la société bénéficiaire aurait pesé également de tout son poids pour remporter ce marché qui demeure «secret». Bien plus, ses dirigeants auraient fait des pieds et des mains pour étendre l’opération aux arrondissements, soit à un effectif d’un peu plus de 400 élus. Bref, le montant de l’opération serait de 800.000 DH et il sera inscrit sur la rubrique «achat du matériel informatique».
Le journal affirme que le sujet a été abordé, une nouvelle fois, lundi dernier dans le cadre d’une réunion de la Commission du budget. Il a été question de programmer ce point sous l’énoncé : «Dépasser les méthodes traditionnelles de travail et opter pour équiper les élus en tablettes électroniques. Et ce, dans le cadre de la rationalisation des dépenses et en harmonie avec le slogan : Casablanca, smartville ».
Les élus, affirme Assabah, ne sont pas contre la modernisation des méthodes de travail du Conseil. Ils ne sont pas non plus contre l’idée d’équiper les conseillers en tablettes, mais souhaitent que cela se fasse en toute transparence et selon les règles en vigueur. Ils se disent contre le fait de voir des marchés être passés sous cape, au profit de certaines sociétés et pas d’autres, comme ils se disent contre le népotisme et le clientélisme. Si marché il y a, disent-ils, il doit être passé comme le veut la loi, assorti d'un appel d’offres et d'un cahier des charges, dans le respect du principe de la libre concurrence. Et que la société qui présente la meilleure offre gagne.