Le torchon brûle entre Mohamed Saleh Tamek, délégué général de l’Administration pénitentiaire, et Houcine El Ouardi, ministre de la Santé. Et pour cause! Un détenu souffrant de troubles mentaux s’est suicidé par pendaison, vendredi dernier, à la prison de Salé. Le prisonnier, qui a rendu l’âme avant d’arriver aux urgences du CHU d’Ibn Sina, était condamné pour constitution d’une bande criminelle. Or, de par les troubles mentaux dont il souffrait, la justice l'avait reconnu irresponsable de ses actes.
Selon Assabah, qui rapporte l’information dans son édition du mardi 1er mars, Mohamed Saleh Tamek a vivement réagi à ce drame en accusant ouvertement les services du ministère de la Santé. Pour lui, la place de ce détenu était au centre psychiatrique et non pas en prison. L’Administration pénitentiaire indique d'ailleurs avoir maintes fois contacté la direction de l’hôpital psychiatrique Arrazi afin d’exécuter la décision de justice et d'y transférer le prisonnier. En vain!
Le quotidien, citant des statistiques de l’Observatoire marocain des prisons, indique que pas moins de 4.000 prisonniers se trouvent dans la même situation. La capacité d’accueil des hôpitaux psychiatriques étant insuffisante, les prisonniers souffrant de troubles mentaux sont systématiquement mis derrière les barreaux.
Pourtant, poursuit le journal, le placement dans un centre psychiatrique des malades mentaux, condamnés ou en détention provisoire, est prévu par la loi. Le Code pénal (articles 75, 76 et 78) est on ne peut plus clair: l'internement judiciaire dans un établissement psychiatrique consiste dans le placement dans un établissement approprié, par décision d'une juridiction de jugement, d'un individu présumé auteur, coauteur ou complice d'un crime ou d'un délit et qui, en raison de ses troubles mentaux au moment des faits qui lui sont imputés, doit être déclaré totalement irresponsable et soustrait à l'application éventuelle des peines prévues par la loi.