Sous le titre «L’administration pénitentiaire avoue: des prisonniers perdent la raison à cause des conditions d’incarcération», Akhbar Alyaoum, dans sa livraison du 27 octobre, jette un pavé dans la mare. Mohamed Saleh Tamek, délégué général de l’Administration pénitentiaire, affirme que plusieurs prisonniers, reconnus par la justice comme étant irresponsables de leurs actes pour cause de troubles mentaux, sont toujours derrière les barreaux. Autre révélation choquante: certains détenus perdent la raison ou voient leur état mental se détériorer à cause de conditions d’incarcération «cruelles et humiliantes».
Saleh Tamek a fait part de cette triste réalité lors d’une conférence nationale organisée par son administration, lundi 26 octobre, sous le thème: «la santé dans les prisons, quelle organisation pour un meilleur soin médical en milieu pénitencier». Deux ans après le rapport du CNDH sur «La crise des prisons» et quelques mois après la fermeture de «Bouya Omar», l’Administration pénitentiaire est revenue à la charge pour attirer l’attention sur la situation alarmante des prisons du royaume.Les participants n’y sont d’ailleurs pas allés par quatre chemins. Selon le journal, le délégué général de l’administration pénitentiaire a ainsi reconnu que «les prisonniers qui souffrent d’une maladie mentale ne bénéficient d’aucun suivi médical». Les causes du manque de soins sont nombreuses: «le surpeuplement, le manque de personnel médical et paramédical, les difficultés relatives à la mise à disposition des centres pénitenciers d’équipements médicaux, l’inexistence de sections dédiées à ces personnes dans les établissements hospitaliers…». Autant de lacunes relevées par le délégué général.
De son côté, Mohamed Sebbar, secrétaire général du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), a affirmé que «l’état de santé de la majorité des prisonniers, dans les différents centres pénitenciers du royaume, est lamentable. Pire, l’institution d’incarcération contribue à la propagation de certaines maladies, en particulier mentales et psychiatriques».Le numéro 2 du CNDH a enfoncé le clou en précisant que l’approche sécuritaire prévaut dans les prisons, au détriment de l’état de santé des détenus. «D’après les visites de prospection que nous avons effectuées dans plusieurs centres, le constat est que les prisonniers-malades s’en sortent, tant bien que mal, grâce au soutien et à la solidarité de leurs collègues. Mais nombre d’entre eux sont abandonnés à leur sort faute de moyens humains et matériels», a ainsi déploré Mohamed Sebbar.
