Lors de l’examen du budget de son département, le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a une nouvelle fois souligné la profondeur des divergences idéologiques qui traversent la majorité. Des dissensions qui pèsent directement sur le rythme et la nature des réformes engagées, en particulier celle de la Moudawana et des textes relatifs au droit pénal et aux droits de l’homme.
Le ministre a fait état de «sérieux revers» entravant le processus législatif, rapporte Al Ahdath Al Maghribia du lundi 8 novembre. Il a même révélé faire l’objet de critiques l’accusant de concéder des avantages excessifs aux femmes et de poursuivre un modèle idéaliste irréaliste. Il a précisé que cette réforme mobilise une pluralité d’instances, juridiques, civiles et religieuses, rappelant que l’institution royale incarne le cadre garantissant l’équilibre entre ces différentes dimensions, en sa qualité de superviseur de la référence religieuse du royaume.
La complexité de la tâche est accentuée par l’intersection de ces réformes avec des valeurs religieuses et des questions humanitaires sensibles. Ouahbi a rappelé la composition hybride de l’Exécutif, qui n’est «pas totalement moderniste», puisqu’il agrège des voix progressistes et d’autres, conservatrices. Il a illustré ce propos en établissant une distinction entre le parti de l’Istiqlal, qu’il situe comme conservateur, et le Parti de la Justice et du Développement (PJD), perçu comme l’étant davantage encore.
Cette diversité de visions se manifeste par des attentes contradictoires: certains plaident pour une accélération de la modernisation juridique à l’approche d’événements majeurs comme la coupe du Monde 2030, tandis que d’autres en appellent à la préservation des «constantes de l’identité et de l’histoire juridique du Maroc». Cette tension oblige le gouvernement à rechercher en permanence un équilibre dans la rédaction des textes, afin de préserver l’esprit de consensus.
Cependant, cette recherche d’équilibre n’a pas suffi à prévenir l’expression publique de vives réactions, révélatrices de l’ampleur des dissensions. En écho, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Mustapha Baitas, a tenu des propos venus confirmer ces fractures. En évoquant les liens entre son parti, le RNI et le PAM, il a indiqué que leur principal point de convergence résidait dans les «réunions des lois et des décrets approuvés en conseil de gouvernement», relaie Al Ahdath Al Maghribia.
Affirmant le caractère conservateur du RNI et son profond attachement à la référence islamique, d’autres dirigeants de ce parti ont désavoué les propos du ministre de la Justice en affirmant que leur formation «ne soutient pas ses déclarations» et ne saurait cautionner la destruction de «ce que les Marocains ont construit depuis douze siècles».








