Curieusement, c’est Mustapha Ramid, lui-même impliqué dans l’affaire de la fraude à la CNSS, qui a essayé de défendre Mohamed Amekraz, ministre du Travail, qui a doublement fauté. Ce dernier, qui n’a pas eu le courage de se présenter devant les parlementaires pour répondre de ses actes, a chargé Ramid de lui trouver une excuse. Ce que le ministre d’Etat chargé des relations avec le Parlement s’est empressé de faire en adressant une lettre au président de la Chambre des conseillers.
Laquelle lettre explique les raisons du refus d’Amekraz de répondre aux questions des parlementaires en s’appuyant sur un article du règlement intérieur: «Conformément aux dispositions de l’article 162 du règlement intérieur de la Chambre des conseillers qui donne le droit aux conseillers et aux conseillères de prendre la parole à la fin de la séance réservée aux questions orales pour évoquer un sujet d’ordre général urgent à condition que les demandes de prise de parole soient programmées en accord ave le gouvernement, j’ai l’honneur de vous informer que le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle n’est pas disposé à répondre à cette demande». Dixit Mustapha Ramid.
Les conseillers de l’opposition savent très bien que même s’ils avaient suivi la procédure dite de concertation, le gouvernement leur opposerait une fin de non-recevoir tellement ce dossier est brûlant. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 26 juin, que le président du groupe parlementaire du PJD, Abdelali Hamieddine, a essayé par tous les moyens d’empêcher les conseillers d’aborder le sujet de la CNSS. Il est intervenu avec force pour interdire au coordinateur de la CDT, Mabrek Sadi, d’interpeller les deux ministres Mustapha Ramid et Mohamed Amekraz afin qu’ils s’expliquent sur les faits qui leur sont reprochés.
La sensibilité de ce dossier pour le PJD a contraint le bouillonnant Hamieddine à entrer dans une longue polémique avec ses pairs autour du mécanisme de la motion d’ordre réclamée par la CDT. Le parlementaire M’Barek Sadi voulait avoir des explications sur le refus du ministre du Travail de répondre à une question relative au phénomène de la non-déclaration des salariés à la CNSS.
Il s’en est ensuivi une passe d’armes entre les deux parlementaires qui a poussé Sadi à s’adresser au président de la séance: «Ce n’est pas au conseiller Hamieddine de répondre à votre place, à ma demande, Monsieur le président!». Autant dire que le PJD se trouve dans une situation inconfortable qui a perturbé ses parlementaires des deux chambres et au sein du parti. La fameuse commission de transparence qui devait entendre Mustapha Ramid sur l’affaire de sa secrétaire n’a plus fait parler d’elle depuis l’éclatement du scandale Amekraz.