Chantage contre le roi: les enregistrements mettant en cause Eric Laurent et Catherine Graciet jugés "Illégaux"

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Rebondissement judiciaire dans l’affaire des journalistes prédateurs Eric Laurent et Catherine Graciet, poursuivis pour tentative de chantage contre le roi. Les deux enregistrements les mettant en cause ont été jugés «illégaux» par la Cour de cassation. Mais ce n’est que partie remise.

Le 20/09/2016 à 17h27

La Cour de cassation française a tranché ce mardi dans l’affaire des deux enregistrements réalisés par l’avocat du palais, Me Hicham Naciri, des propos mettant en cause les deux journalistes français, Eric Laurent et Catherine Graciet, dans une affaire de chantage contre le roi. La plus haute juridiction française a conclu à «l’illégalité» de ces enregistrements menés «à l’insu et sans le consentement» des intéressés avec la «participation indirecte» des enquêteurs français, rapporte l’AFP.

Pour rappel, les deux maîtres-chanteurs ont été interpellés à l’issue d’un entretien, le 27 août 2015, porteurs de 80.000 euros en liquide mais tous deux contestent avoir fait chanter le roi, évoquant une transaction qui se serait nouée librement, en échange de l’abandon d’un livre à charge contre la plus haute autorité du royaume.

Pour précision, la plus haute juridiction française n’a pas contesté la véracité mais le procédé suivi pour établir le délit des intéressés, soit une tentative d’extorsion d’argent au Maroc. «Cela porte atteinte aux principes du procès équitable et de la loyauté», a estimé la cour de cassation.

Mais voilà, ce n’est que partie remise. La Cour de cassation a décidé de renvoyer l’affaire à la chambre de l’instruction.

«L’illégalité» des enregistrements n’enlève rien à ce chantage reconnu par leurs auteurs eux-mêmes, autoproclamés «spécialistes du Maroc»!

Pedigree des deux journalistes prédateursL’affaire remonte au 23 juillet 2015, quand Eric Laurent prend contact avec le secrétariat particulier de Sa Majesté, nous avait confié une source proche du dossier. Et d’ajouter: «Il a annoncé qu’il détenait des informations explosives concernant le royaume et a insisté pour décrocher un rendez-vous».

Le Palais a mandaté alors un avocat pour rencontrer le journaliste. Rencontre qui a effectivement eu lieu le 11 août 2015 et durant laquelle Eric Laurent est allé droit au but. «Vous savez que Catherine Graciet ne porte pas particulièrement le Maroc dans son cœur», a lancé Eric Laurent à l’avocat marocain. «Elle détient des informations cruciales concernant le Maroc qui vont être révélées dans un livre que nous écrivons ensemble. S’il vient à être publié, ce livre risque de déstabiliser le royaume», a-t-il poursuivi avant de proposer de convaincre Graciet d’abandonner ce projet moyennant la somme faramineuse de 3 millions d’euros.

Bien évidemment, il n’était pas question d’acheter le silence de quiconque pour les autorités marocaines «et encore moins de céder au chantage de deux racketteurs». Une plainte a été alors déposée suite à laquelle le parquet de Paris a autorisé une enquête en mobilisant les moyens de surveillance.

C’est ainsi que la deuxième rencontre du 21 août entre l'avocat du Palais et Eric Laurent, qui s’est déroulée sous surveillance policière sur ordre du parquet de Paris, a été totalement enregistrée et filmée. Et les propos tenus par l’auteur de «Les mémoires d’un roi» ne laissaient aucune ambiguïté quant à sa tentative de racketter le chef de l’Etat. «Dans l’enregistrement, on voit et on entend clairement le journaliste réitérer son offre de mettre de côté ce projet de livre contre 3 millions d’euros», nous a confié notre source. «En le visionnant, le parquet de Paris n’a pas hésité un seul instant à ouvrir une information judiciaire». Il ne restait alors plus que de tendre le piège pour établir le flagrant délit…

Rendez-vous a été ainsi donné à Eric Laurent et à sa complice Catherine Graciet, le 27 août, au restaurant de l’hôtel Raphael à Paris, une des tables les plus courues du 16ème arrondissement. Pour les appâter, l'avocat a expliqué à Eric Laurent que le Maroc était prêt à payer à condition de discuter le prix et de signer un engagement non seulement pour abandonner la publication du livre, mais de ne plus écrire un mot au sujet du royaume.

Les deux journalistes ont alors accepté l’invitation et ont passé leur temps à marchander, comme le ferait un marchand de tapis, avec l’avocat marocain. Ce dernier joue le jeu à la perfection comme le ferait un agent infiltré. Il fait parler les co-auteurs de «Le roi prédateur» pendant que le magnéto autorisé par la justice française enregistre une nouvelle fois toute la conversation. Il se met d’accord avec les deux journalistes prédateurs sur la somme de 2 millions d’euros, leur fait signer le document où ils s’engagent de ne plus parler du Maroc et leur remet chacun une enveloppe blanche contenant la somme de 40.000 euros. Autant de pièces à convictions qui sont saisies sur le duo Laurent – Graciet quand ils sortent du restaurant.

Malgré la décision de la Cour de cassation, les deux journalistes sont toujours poursuivis pour «chantage et tentative d'extorsion de fonds».

Par Ziad Alami
Le 20/09/2016 à 17h27