Le 1er juin, le Royaume-Uni a officiellement apporté un soutien explicite au plan d’autonomie marocain pour le Sahara.
Une annonce certes attendue par Rabat, mais qui constitue un véritable basculement diplomatique dans ce dossier épineux, relève le magazine Jeune Afrique dans une analyse dédiée.
Elle marque l’entrée de Londres dans le cercle restreint des grandes puissances, aux côtés des États-Unis et de la France, à soutenir publiquement la position marocaine, consolidant ainsi un front international en faveur de Rabat.
Cette évolution ne surgit pas de nulle part. Depuis le tweet de Donald Trump en décembre 2020 reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara et la signature des accords tripartites entre Rabat, Washington et Tel-Aviv, les observateurs attendaient un positionnement clair de la part de Londres.
Celui-ci se précisait déjà à travers plusieurs signaux, dont le rejet en 2022 par la justice britannique du recours de l’ONG pro-Polisario WSCUK, écrit-on.
Le verdict, salué par le gouvernement, légitimait l’application de l’accord post-Brexit au Sahara, illustrant une validation tacite mais forte de la souveraineté marocaine, écrit aussi Jeune Afrique.
Autre indice majeur: le projet Xlinks, qui prévoit un câble énergétique de 3.800 km reliant l’énergie solaire et éolienne du Sahara marocain au Royaume-Uni. Ce projet stratégique, soutenu par Londres, aurait été difficile à concevoir sans une position assumée sur le statut du territoire.
Jusqu’à présent, le Royaume-Uni faisait preuve de prudence, lié par sa tradition de soutien aux principes d’autodétermination et contraint par des considérations internes comme la question écossaise.
Mais la dynamique actuelle, accélérée par le retour de Trump dans le débat américain et la volonté de Washington de clore ce dossier, semble avoir modifié la donne.
L’effet d’entraînement de la décision britannique est palpable, note Jeune Afrique.
Elle pourrait influencer les positions de plusieurs pays du Commonwealth encore alignés sur le Polisario, notamment en Afrique.
Le Kenya et le Ghana ont déjà suspendu leurs relations avec la RASD, qualifiant le plan marocain d’«unique solution réaliste».
Même le Nigeria, longtemps soutien du Polisario, montre des signes de réorientation, notamment à travers le projet de gazoduc Nigeria-Maroc.
Rabat consolide ainsi ses avancées diplomatiques sur le continent. La récente nomination, par le Roi Mohammed VI, de nouveaux ambassadeurs dans plusieurs pays anglophones d’Afrique traduit cette volonté d’ancrage.
Le Royaume-Uni devient un levier d’influence précieux dans cette stratégie, son poids au sein du Commonwealth pouvant contribuer à isoler davantage l’Algérie et le Polisario.
Reste la question sud-africaine. Pretoria demeure un pilier du soutien au Polisario. Mais, même là, des frémissements existent.
Des voix émergent, appelant à reconsidérer cette position, et un réalignement, même partiel, de Pretoria ouvrirait la voie à un basculement au sein de l’Union africaine en faveur du Maroc.
En s’alignant sur Washington et Paris, Londres contribue donc à un changement d’équilibre.
Sa décision va bien au-delà d’un simple geste diplomatique: elle redéfinit les rapports de force autour du dossier saharien, à l’échelle régionale et internationale, a conclu Jeune Afrique.




