Le passage d’Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, devant la Chambre des représentants, ce lundi 18 avril 2022 dans le cadre de la séance plénière consacrée à la politique générale, n’aura pas été une promenade de santé. La flambée des prix des produits de consommation, notamment des carburants, ayant été au cœur tant des attentes que de l’intervention du chef de l’Exécutif, il lui aura fallu convaincre une partie de l’assistance qui était peu acquise à son discours et ses arguments. Nommons le PJD (Parti justice et développement).
En dehors des orientations politiques des uns et des autres, et des clivages auxquels la situation économique et sociale au Maroc peut logiquement conduire, Aziz Akhannouch a avancé nombre de mesures adoptées par son équipe et dont la finalité est de préserver le pouvoir d’achat des Marocains. A commencer par les 14 milliards de dirhams injectés en soutien à l’Office nationale de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) pour éviter toute hausse des factures d’électricité. «Sans cet effort, la hausse aurait été de 40%», a précisé Aziz Akhannouch.
Autre mesure, la subvention du gaz butane à hauteur de 116 dirhams la bonbonne, pour que le prix de cette dernière reste fixé à 40 dirhams. Ceci, dans un contexte où la tonne de gaz a dépassé les 1.000 dollars à l’import.
La même logique est défendue pour les produits de consommation, notamment pendant ce mois de ramadan. «Nous avons tous vu qu’il n’y a pas eu de manque et que tous les marchés ont été provisionnés, et à des prix majoritairement stables. Il suffit de nous comparer avec des pays du voisinage (Algérie, Ndlr) dont les citoyens sont obligés de faire des queues intenables pour des boîtes de lait et n’arrivent pas à acheter plus d'un litre d’huile de table à la fois. Dans ces pays-là, le kilo de tomates est à 50 dirhams», a indiqué le chef du gouvernement.
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Autre indicateur, le taux d’inflation au Maroc, limité pour l’heure à 3,6%, comparé aux 61% enregistrés en Turquie, les 10% du Brésil et les 9,8% de l’Espagne. «Au Maroc, la monnaie tient bon également et contrairement à d’autre pays, le dirham ne s’est nullement effondré face au dollar», a précisé Aziz Akhannouch.
S’agissant du prix des carburants et des appels voulant la réactivation de la Samir pour garantir des stocks et, donc, une stabilité des prix, le chef du gouvernement a rappelé que l’affaire est devant la justice et qu’elle implique un investisseur étranger. «Par les temps qui courent, et croyez-moi, nous aurions bien aimé qu’il y ait un repreneur», a-t-il dit.
15 milliards de dirhams supplémentaires pour la Caisse de compensationPour lui, les séismes ont été nombreux et la conjoncture est difficile. «Mais, et c’est l’avis de Standard & Poor's, on tient bon. Soyons réalistes et, surtout, évitons l’auto-sabordage», a conclu Aziz Akhannouch, cible ce jour-là de bien des attaques. Le tout avec cette promesse: l'Exécutif mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour couvrir la charge de la subvention supplémentaire des prix de certaines matières alimentaires et pour suivre la hausse de leurs cours à l'international, tout en préservant les équilibres des finances publiques, sans recourir à une loi des finances rectificative (LFR).
A ce titre, les charges de la Caisse de compensation devraient augmenter de plus de 15 milliards de dirhams supplémentaires par rapport aux prévisions de la loi de finances 2022, fixées à 17 milliards de dirhams, a indiqué Akhannouch.