Le PJD a été secoué par l’annonce de Benkirane de geler son adhésion au parti après l’adoption, jeudi dernier, par le conseil du gouvernement, du projet de loi sur l’usage légal du cannabis. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du week-end (13 et 14 mars), que Benkirane pourrait présenter sa démission et pousser ses partisans à créer un nouveau parti. Les ministres PJDistes ont été choqués par la décision de l’ancien patron du parti de rompre ses relations avec eux et à leur tête Saâd-Eddine El Othmani. Les observateurs estiment que cette rupture sonne comme une rébellion contre le secrétaire général du parti et chef du gouvernement.
Un fait sans précèdent dans l’histoire du parti, disent-ils, d’autant plus que Benkirane et ses adeptes s’attaquent à des poids lourds du parti comme Mustapha Ramid, Abdelaziz Rabbah et autres. Le Zaim n’a toutefois pas cité le nom du ministre de l’Equipement, Abdelkader Amara et a évité d’accuser les ministres Jamila El Moussali et Nezha El Ouafi. Les membres du gouvernement visés ont, sous couvert de l’anonymat, exprimé leur mécontentement face à cette énième sortie tonitruante de Benkirane. Ils considèrent que l’ex-chef du PJD a commis une erreur d’appréciation qui risque de causer un énorme préjudice au parti à quelques mois des prochaines échéances électorales.
Le quotidien Assabah rapporte qu’un dirigeant du PJD, qui a lui aussi préféré garder l’anonymat, a exprimé ses regrets face à la situation tout en considérant que Benkirane essaye de couper l’herbe sous le pied d’El Othmani, son ami de longue date. Les partisans du Zaim ont tiré à boulets rouges sur le patron du parti en affirmant qu’ils n'attendront pas les décisions du secrétariat général pour prendre les décisions qu’il faut, allusion faite à une éventuelle scission. C’est ce que sous-entend Hassan Hamoro, l’un des dirigeants de la jeunesse du parti, qui a posté un message sur sa page Facebook en affirmant: «Je ne suivrai plus les orientations du secrétaire général et je ne renoncerai jamais à l’indépendance du parti».
L’islamiste Abdelmounim Brahmi, membre du parti dans la région de Fès-Meknès, a été tout aussi radical en déclarant: «Nous sommes avec vous notre Zaim (Benkirane) et je gèle, moi aussi, mon adhésion au parti». Le bouillonnant dirigeant, Abdelali Hamieddine, a été moins virulent que ses pairs en soulignant que le parti a réussi à réaliser certains objectifs et a échoué dans d’autres. Peut être, ajoute-t-il, que cette expérience a atteint ses limites et n’est plus en mesure d’être créative et réactive.