Bras de fer autour de la réforme des retraites: les syndicats dénoncent une approche unilatérale

Près d’un millier de retraités de la fonction publique et d'administrations assimilées ont manifesté le 30 novembre 2024 devant le siège du Parlement, à Rabat. (Y.Mannan/Le360)

Revue de presse Le dialogue social sur la réforme des retraites connaît un regain de tension. Les principales centrales syndicales rejettent les premières propositions du gouvernement, jugées injustes et déconnectées des réalités sociales. Le spectre de la contestation plane à nouveau, sur fond d’inquiétudes croissantes autour de l’avenir des systèmes de retraite. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 04/08/2025 à 19h07

L’atmosphère se tend à nouveau autour de la table du dialogue social. En cause, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition de ce mardi 5 août, les premières orientations avancées par le gouvernement pour réformer les régimes de retraite, qui ont suscité une levée de boucliers de la part des centrales syndicales les plus représentatives. Ces dernières dénoncent des propositions qu’elles qualifient d’«injustes» et de «non sociales», estimant qu’elles font peser le poids de la réforme sur les salariés au lieu d’engager l’État sur ses responsabilités.

Réuni récemment à Rabat, le comité de pilotage et d’orientation chargé du dossier a été le théâtre de vifs désaccords. Selon des sources syndicales présentes, les propositions gouvernementales s’articulent autour de trois axes majeurs, soit un relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite jusqu’à 65 ans, une harmonisation des critères entre les différents régimes, et une révision des taux de cotisation et de calcul des pensions.

Ces points ont été à l’origine d’un profond clivage avec les représentants syndicaux, notamment l’Union marocaine du travail (UMT) et la Confédération démocratique du travail (CDT). Les deux centrales insistent sur la nécessité de ne pas faire reposer l’effort de réforme exclusivement sur les épaules des travailleurs, déjà éprouvés par une érosion, constante, de leur pouvoir d’achat.

Les syndicats appellent à une approche différente. «Il faut d’abord procéder à une évaluation approfondie de la réforme de 2016 avant de franchir un nouveau cap», soutiennent plusieurs responsables syndicaux. Ils exigent également la présentation d’une étude actuarielle détaillée et transparente, accessible à toutes les parties, afin de mieux cerner les faiblesses structurelles des caisses de retraite.

Plutôt que de se focaliser uniquement sur l’âge de départ ou le niveau des pensions, les centrales plaident pour un débat sérieux sur les ressources des caisses, la qualité de leur gestion et l’efficacité de la gouvernance. Selon elles, toute réforme imposée de manière unilatérale serait vouée à l’échec.

Certaines organisations ont d’ailleurs brandi la menace d’un retour à la rue, souligne Al Akhbar. Elles dénoncent la méthode «unilatérale» du gouvernement, qu’elles accusent d’écarter la dimension sociale et les droits acquis des travailleurs. Dans un contexte de flambée des prix et de dégradation des conditions de vie, elles préviennent que toute remise en cause des acquis sociaux se heurtera à une réaction syndicale ferme.

Face à cette levée de boucliers, des voix issues de la société civile et du monde académique appellent au calme et à une concertation nationale élargie. Pour ces experts en protection sociale, la crise des systèmes de retraite marocains est profonde et systémique. Elle ne saurait être réglée par des ajustements techniques isolés, mais exige un consensus politique et social large, apte à garantir à la fois la pérennité financière des régimes et la préservation des droits, écrit-on.

Une nouvelle session de dialogue est attendue début septembre. D’ici là, plusieurs parties réclament l’élargissement des discussions aux représentants des retraités, aux économistes indépendants et aux acteurs de la société civile, afin de parvenir à une réforme équilibrée et durable, à la croisée de la rigueur budgétaire et de la justice sociale.

Par La Rédaction
Le 04/08/2025 à 19h07