Le nouveau chef de gouvernement désigné, Saâd-Eddine El Otmani, est pris entre les feux nourris de ses «frères» du Parti de la Justice et du Développement. Après son remplaçant à la tête du groupe du PJD à la chambre des députés, Driss El Azami, qui lui a tendu une perche de «soutien vigilant et conditionné», c’est au tour du chef du groupe de la Lampe à la Chambre des conseillers, Nabil Chikhi, de décocher ses fléchettes en direction d’El Othmani.
Le quotidien Al Ahdath El Maghribia, dans son édition de ce jeudi 27 avril, rapporte d'ailleurs que Chikhi n’a pas mis de gants pour s’adresser à El Othmani. Il a même été très virulent à son égard, l’interpelant ainsi: «Toutes les forces politiques de ce pays savent clairement que vous avez fait des concessions douloureuses, mais nous avons espoir que vous continuerez les chantiers de réforme de votre prédécesseur, en vue de regagner la confiance des citoyens.» Il a aussi qualifié de «mauvais choix» la constitution d’un gouvernement composé de «six partis politiques, en plus de personnalités indépendantes».
Une attitude d’opposition ouverte qui peut paraître kafkaïenne car, quand des parlementaires et un chef de gouvernement issus d’un même parti et défendant une même idéologie se chamaillent, cela relève tout simplement de l’indiscipline politique, voire du jamais vu.
Pour sa part, le quotidien Al Akhbar de ce 27 avril précise que cette bronca PJDiste s’explique clairement par le feu vert donné par Abdelilah Benkirane aux parlementaires de son parti pour rendre la vie difficile à son successeur à la tête du gouvernement. Pour preuve, les deux quotidiens s’accordent à dire que les deux chefs des groupes parlementaires ont constamment fait référence à Benkirane dans leurs interventions sous la Coupole. Allant même parfois jusqu’à puiser dans son répertoire lexical pour exprimer leur refus de ce qu’ils appellent «l’hégémonisme politique.»
Al Akhbar s’étonne, à juste titre d’ailleurs, que les députés du PAM aient été beaucoup moins virulents, dans leur opposition à El Othmani, que ses propres «partisans» du PJD. Tout est dit.