L’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui bénéficie désormais d’une retraite exceptionnelle consistante, ne veut plus, semble-t-il, battre en retraite en politique. En effet, dans une nouvelle vidéo, postée sur les réseaux sociaux, par son «compagnon», chargé de cette mission, l’ancien secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD) a tenté de faire croire que cette pension de retraite de 90.000 dirhams par mois, sans aucune cotisation, serait une récompense d’un service qu’il avait rendu en s’acquittant de cette tâche de chef de gouvernement durant le précédent mandat.
Selon le quotidien Al Akhbar, qui se penche sur ce sujet dans son édition du week-end des 2 et 3 février, l’ancien patron de la Lampe a défendu bec et ongles sa pension de retraite et toutes les actions qu’il a entreprises. Cette sortie pour le moins hasardeuse laisse est intervenue à un moment où les fonctionnaires manifestent leur colère à propos de nouvelles ponctions effectuées sur leurs salaires du mois de janvier 2019 dans le cadre de la réforme des régimes de retraite, initiée par Benkirane. Quel paradoxe. Il a défendu une retraite qui s’apparente à la rente et justifie encore, non sans ironie, les ponctions effectuées sur les salaires des autres fonctionnaires, allant jusqu’à dire qu’il aurait opté pour un taux de ponction aussi supérieur, étant donné que la question relève de l’intérêt général.
Sous cette case de l’intérêt général, ajoute le quotidien, l’ancien chef du gouvernement a, en effet, casé toutes ces politiques impopulaires qu’il avait mises en œuvre, soit la réforme de la caisse de compensation, la hausse des prix, etc. Cette formule de «l’intérêt général» revient sur les lèvres du personnage comme un épouvantail qu’il exploite pour justifier ces actions. Et pour donner l’impression que cette approche était la bonne et a été sanctionnée positivement par les citoyens, il évoque sans coup férir les résultats des élections législatives, communales et régionales, en faisant croire que «le peuple» a voté en sa faveur.
On dirait que «le peuple» se réduit à ce nombre d’électeurs qui avaient voté pour la Lampe, alors qu’en termes de chiffres, le taux de participation auxdites échéances électorales devrait donner froid dans le dos au personnage. Mais l’ancien chef du gouvernement effectue sa propre lecture des chiffres et interprète à sa manière ses actions en vue de redorer son image auprès de ceux qui l’écoutent et le suivent encore. Il s’agit d’une approche machiavélique, selon laquelle la fin justifie les moyens.