Ihsane Haouach, une Belge d’origine marocaine, est au centre d’un débat national qui questionne l’un des fondements même de son pays d’accueil, à savoir la neutralité de l’Etat par rapport aux cultes. Elle porte le foulard islamique, elle est membre du gouvernement et défend le port du voile. Mais ce n’est pas là le cœur du débat. Cette activiste associative, née en Belgique, a été nommée tout récemment commissaire du gouvernement auprès de l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes. Et sa nomination a été à l’origine d’une polémique qui ne cesse d’enfler.
En effet, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 15 juillet, c’est surtout ses relations avec l’organisation des «Frères musulmans», qui relève de l’islam politique, qui ont ravivé cette polémique. Et pour ne rien arranger, un rapport de la Sûreté de l’Etat, soit les services de renseignement belges, vient amplifier le doute quant à la nature de ces relations. Le rapport, dont des extraits ont été largement relayés par les médias de ce pays, ne conclut certes pas qu'Ihsane Haouach est effectivement membre des «Frères musulmans», mais il assure néanmoins qu’elle a eu des contacts avec des membres de cette organisation.
Selon Al Ahdath Al Maghribia, qui reprend des éléments de ce rapport tels qu’ils ont été publiés par la presse belge, la commissaire du gouvernement à l’égalité hommes-femmes qui, faut-il le préciser, a démissionné depuis, aurait eu des positions extrémistes. Ainsi, "le cas de cette MRE repose la question de la neutralité de l’Etat et du principe de la séparation entre l'État et l’église ou les cultes en général", souligne le quotidien.
La démission d'Ihsane Haouach n’a pas mis fin à la polémique. Au contraire, cette affaire qui a démarré par un débat sur le port du voile par les représentantes du gouvernement a pris, depuis, une autre tournure à cause, justement, de ce rapport de la Sûreté de l'Etat faisant état de possibles liens entre Ihsane Haouach et l'organisation des Frères musulmans. Aujourd’hui, souligne le quotidien qui cite le député fédéral Denis Ducarme, "même si les liens entre les Frères musulmans et Ihsane Haouach n'ont pas été certifiés, il n’en reste pas moins qu'elle exprime des arguments qui rejoignent pleinement les thèses de cette organisation".
Ainsi, bien loin de se limiter à un débat public, cette affaire crée la division au sein même de la coalition gouvernementale. En effet, les partis de la majorité ne parviennent pas à s'accorder sur la question du port du voile dans la fonction publique. Or, un représentant de l'Etat doit justement observer le principe de neutralité dans son rapport aux cultes. D’ailleurs, Au niveau de l'Etat fédéral, tout signe religieux ostentatoire est interdit aux fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions, observe le quotidien.