Les services sécuritaires marocains avaient envoyé deux messages d’alerte à leurs homologues allemands les prévenant qu’Anis Amri, l’auteur de l’attentat au camion-bélier de Berlin, n'était pas un loup solitaire. C’est ce qu’affirme le quotidien Assabah, citant un haut responsable sécuritaire, dans son édition des 24 et 25 décembre.
Bien plus, assure la même source, les deux messages contiennent des détails sur des rencontres suspectes qui prouvent que le danger n’est pas complètement écarté. De même que l’attentat au camion-bélier a été planifié depuis Dortmund avec la participation d’autres jihadistes, dont un Russe et un Marocain.
Les renseignements fournis par le Maroc aux services sécuritaires allemands ont été tirés des investigations de la DGST et des interrogatoires dont ont fait l’objet d’anciens jihadistes rentrés de Syrie et d’Irak ainsi que les membres de cellules terroristes démantelées au Maroc, principalement les détenteurs de passeports européens.
Selon les sources citées par le journal, les Marocains ont pu également révélé aux services sécuritaires allemands qu’Anis Amri n’a été embrigadé par Daech que depuis quelques mois, mais qu’il avait déjà prêté allégeance à cette organisation terroriste il y a un peu plus d’un an.
Le journal a ainsi pu confirmer que les services de sécurité marocains avaient alerté officiellement, le 19 septembre dernier, le BND, le service fédéral de renseignement, de l’imminence d’une attaque terroriste visant ce pays avant la fin de l’année.
Les informations fournies aux Allemands par leurs homologues marocains dans une autre correspondance en date du 11 octobre affirment qu’Anis Amri résidait de manière clandestine en Allemagne depuis quatorze mois et fréquentait deux dangereux adeptes de Daech à Dortmund.
Il s’agit d’un Russe refoulé par les autorités allemandes vers son pays mais qui a pu retourner à Dortmund à l’aide des documents falsifiés. Une fois dans cette ville, il s’est empressé de former une cellule terroriste avec des combattants de Daech qui ont fui la guerre en Syrie et des éléments qui ont échoué à rallier le territoire sous occupation de Daech en passant par la Turquie comme le Marocain dont le passeport a été confisqué par la police berlinoise.
Toujours selon les informations fournies aux Allemands par la DGST, le Tunisien Anis Amri dont les médias ont annoncé la mort vendredi, avait tenté de rejoindre le front au début de la guerre en Syrie, mais il a été arrêté en Italie et condamné à quatre ans de prison pour tentative d’émigration illégale pour rejoindre Daech.
En juin dernier il décidé de passer à l’acte et cherche un soutien qu’il a pu finalement trouver dans la cellule de Dortmund. Après l’attentat au camion-bélier, il a pris la fuite avant d’être intercepté par les forces de l’ordre italiennes lors un contrôle de routine à Milan. Il a été exécuté par un policier après qu’il ait tiré sur les membres de la brigade.