L'intervention du premier ministre algérien et le déplacement de son ministre de l'Intérieur n'ont pas réussi, jusqu'ici, à calmer les esprits à Ghardiai depuis l'éclatement des troubles au mois de décembre de l'an dernier. Les 3.000 hommes de la police et de la gendarmerie dépêchés sur les lieux n'ont rien pu faire dans celle ville algérienne, située à 600 km au sud d'Alger et qui risque de virer au chaos, à un affrontement généralisé.
La cinquième victime tuée dans des affrontements entre jeunes Arabes et Mozabites a été enterré dans un nouveau climat de vive tension et de peur, et les commerçants, inquiets, ont repris leur grève. Les autorités restent impuissantes dans cette ville troublée où les mozabites se disent visés par un salafisme en pleine expansion.
La ville est aussi, accusent des journalistes algériens, limitrophe d'un carrefour par où passeraient des trafics humains, de drogue, d'armes. Une zone hors la loi, contrairement à celle de Tindouf où les populations sont réprimées et contrôlées sévèrement.
Selon la radio française RFI, "les affrontements les plus violents ont eu lieu mardi près d’un cimetière mozabite. Les centaines de policiers présents n’ont pas pu arrêter les affrontements malgré les gaz lacrymogènes. Comme ils l’avaient promis en cas de détérioration de la situation, les commerçants sont à nouveau en grève. Le calme n’aura donc pas même duré un mois, malgré la présence de 3.000 gendarmes envoyés en renfort au début de l’année.
La Ligue de défense des droits de l’homme a publié un communiqué dénonçant la dégénérescence de la situation sécuritaire dans la ville.
Même El Watan, connu pour être proche des autorités, rapporte dans un article intitulé "Ghardaïa: symptôme d'un malaise nationale" que les violences ont fait une quatrième victime, mardi, dans la ville de Ghardaïa. Le ministre de l’Intérieur s’est déplacé, mais les autorités semblent dépassées par la situation et ne parviennent pas à rétablir le calme. Pourtant, il y a urgence. La crise de Ghardaïa est symptomatique de l’échec de la gouvernance" de l'Etat algérien. Interrogé par Le360 à ce sujet, Ahmed Assid, chercheur au Centre des études artistiques, des expressions littéraires et de la production audiovisuelle au sein de l'IRCAM, souligne que "l’armée algérienne est responsable des événements qui se déroulent à Ghardaïa, car ce n'est pas dans son intérêt que la situation revienne au calme". Et d'ajouter que "le régime algérien cherche à envenimer la situation pour garder la mainmise sur la situation".