Al Aoula et les quatre vérités sur le boycott

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Revue de presseKiosque360. La chaîne nationale Al Aoula a, certes, longtemps ignoré le boycott de certains produits, qui occupe les devants de l’actualité depuis des semaines. Mais, quand elle l’a abordé, mardi soir, lors de l’émission «Qadaya et Araa», elle a réussi à donner un autre éclairage sur ce phénomène.

Le 14/06/2018 à 05h26

La chaîne de télévision Al Aoula a diffusé, mardi soir, l’émission «Qadaya et Araa» qui a été consacrée au problème du boycott de certains produits. Le sujet a été traité sous tous les angles avec des reportages, un micro-trottoir et les interventions d’un sociologue et d’un représentant des Fellahs.

Dans son édition du jeudi 14 juin, Al Ahdat Al Maghribia considère que le micro-trottoir réalisé par Al Aoula a permis aux personnes interviewées de toucher aux causes du boycott et de zoomer sur ses conséquences, en évoquant cinq points essentiels. Ils estiment ainsi que le gouvernement doit, tout d’abord, intervenir pour trouver des moyens d’atténuer l’impact du boycott sur les fellahs. Mais, précisent-ils, le pouvoir d’achat du consommateur a aussi été impacté par ce phénomène «populaire». Et d’ajouter que si cette situation perdure, elle aura des conséquences néfastes sur l’économie du pays et, notamment, sur les investissements étrangers. Du coup, les personnes interviewées estiment que le gouvernement doit veiller à un contrôle drastique des prix, d’autant plus, estiment-ils, que ce boycott n’est pas encadré de manière à éviter un dysfonctionnement des équilibres économiques du pays.

 Sur le plateau, le sociologue Fawzi Boukhris a estimé que l’on ne pouvait analyser les causes du boycott sans revenir aux grands dysfonctionnements dont souffre le modèle économique mondial. Il a, par ailleurs, taclé les partis politiques qui, selon lui, ont échoué à encadrer la population. Du coup, il avertit sur les dangers d’une récupération politique par certaines parties dont les objectifs diffèrent de ceux des «boycotteurs». Tout en rappelant que c’est le fellah qui subit le boycott, le sociologue estime que la solution doit être trouvée dans l’élaboration d’un plan intégral et constitutionnel pour sortir de la crise. De son côté, Mohamed Ziwani, le représentant de la coopérative des Fellahs de Sidi Kacem, a tiré la sonnette d’alarme en mettant en avant l’endettement de l’agriculteur qui produit du lait que personne ne veut acheter.

Pour sa part, Hassan Boussalmane, le chef du département de la concurrence et des prix au ministère des Affaires générales et de la gouvernance, affirme que l’Etat contrôle systématiquement les prix, sanctionne les infractions et tout accord anticoncurrentiel entre les sociétés. Le professeur Mohamed Harakat, de son côté, fait une autre lecture du boycott en le ralliant à la démocratisation des réseaux sociaux, au gel des salaires depuis 2011 et à l’absence de vision économique émanant du gouvernement. D’où, explique-t-il, cet affrontement direct du consommateur avec les grandes sociétés, faute d’outils de contrôle qui le protège et de moyens de médiation et de dialogue.

Par Hassan Benadad
Le 14/06/2018 à 05h26