C’est définitivement la guerre entre les deux principaux partis de la coalition gouvernementale, le RNI et le PJD. Aziz Akhannouch, le président du RNI n’a en effet pas ménagé son allié au gouvernement lors de sa dernière sortie publique, dimanche dans le cadre de la session ordinaire du conseil national de son parti. Le ministre de l’Agriculture a attaqué ouvertement les chefs du gouvernement, l’actuel et le précédent, sur lesquels il rejette la responsabilité de la série de grèves que les commerçants viennent d’observer récemment.
Pour le chef de file du RNI, la situation est claire, écrit le quotidien Assabah dans son édition du lundi 28 janvier. C’est le chef du gouvernement qui supervise l’élaboration du projet de loi de finances et le valide avant de le déposer au Parlement. C’est également son parti le PJD qui préside, pour le deuxième mandat, la commission des finances qui, à son tour, examine le projet et l’adopte avant son vote au Parlement. En clair, c’est au chef du gouvernement et son parti d’assumer la responsabilité de cette situation. Cela d’autant que la loi de finance de 2014 et le budget de l’année en cours, qui comportent les dispositions décriées par les commerçants, ont été élaborées sans que le gouvernement n'ait pris la peine de se concerter avec les concernés.
Le patron du RNI a également tenu à préciser un autre point: les ministres de son parti agissent sous la responsabilité du chef du gouvernement. Et c’est de ce dernier qu’ils reçoivent leurs directives, et non de leur propre parti. Ce qui ne veut pas dire, nuance le chef de file du RNI, que son parti tente de se désengager de sa responsabilité au sein du gouvernement. «Au contraire, nous l’assumons sans aucun complexe», précise-t-il. Une fois ces deux points clarifiés, le président du RNI est passé au suivant. A savoir que lors du conseil du gouvernement, on discute les affaires publiques et non pas les déclarations des responsables des partis membres de la majorité.
En d’autres termes, le président du RNI n’apprécie par que le chef de l’Exécutif commente ses déclarations en tant que chef de parti lors d’un conseil de gouvernement. Autrement, souligne Aziz Akhannouch, «si l’on s’attardait à commenter les déclarations des responsables du PJD et leurs attaques envers les autres partis membres de la majorité en conseil de gouvernement, une semaine entière ne nous suffirait pas pour faire le tour de la question».
C’est pour dire que le RNI persiste sur sa position, qu’il a déjà exprimée dernièrement à Nador. Il se dit même disposé à présenter, via son groupe parlementaire, une proposition de rectification de la loi de finances, souligne le quotidien Assabah. Le président du RNI a également évoqué les futures alliances de son parti pour rejeter catégoriquement la rumeur selon laquelle il irait aux prochaines élections à la tête d’une alliance de 7 partis. «Ce sont de pures allégations. Le RNI ne prépare ni un G7, ni un G4, encore moins un G2. Nous irons seuls aux élections. Et ce n’est qu’après, selon les résultats du vote et d’après notre expérience, que nous choisirons nos futurs alliés. Pour ce qui est des élections locales, nous laissons l’initiative à nos élus de choisir leurs alliés selon les besoins de leurs communes et régions», a notamment expliqué Aziz Akhannouch.
D’après ce dernier, ce genre de rumeurs n’a d’autre objectif que d’entraver la marche du parti et de nuire à la dynamique interne qu’il a lancée il y a un peu plus de deux ans, écrit de son côté le quotidien Al Massae dans son édition du même jour. Mais cela ne dissuadera pas pour autant le RNI d’aller vers les objectifs qu’il s’est fixé. Et si, entre autres objectifs, le parti a déjà réussi à franchir la barre des 100.000 adhérents, il vise aujourd’hui le seuil des 200.000 encartés. C’est pour cela qu’il lancera prochainement une vaste campagne de communication et de recrutement en mettant à contribution toutes ses organisations parallèles, dont une demi-douzaine vient à peine de voir le jour.
Par ailleurs, note le journal, les dernières déclarations du président du RNI interviennent suite à la sortie, récemment à Agadir, du chef du gouvernement, dans le cadre d’une activité interne de son parti, dans laquelle il a fait état de «comportements qui éloignent encore plus le citoyen de la politique», en faisant allusion à la position du RNI sur la question de la facturation électronique. El Othmani a même accusé le RNI, sans le nommer, poursuit Al Massae, de «s’approprier les réalisations du gouvernement et de rejeter la responsabilité de ses échec sur les autres alliés».