Même en s'estimant trop important et trop célèbre pour se limiter à la simple conjoncture nationale, Ahmed Raïssouni demeure attaché au Mouvement de l’unicité et de la réforme (MUR), qu’il avait créé en association avec Abdelilah Benkirane. Un Mouvement devenu le bras idéologique du PJD et sa pépinière en cadres politiques et syndicaux.
Raïssouni ne s’en cache d'ailleurs pas dans l'entretien accordé à Akhbar Al Yaoum, qui publie ses propos dans son édition du lundi 11 juin: "Tous les dirigeants du PJD sont issus de notre Mouvement, devenu un réservoir de hauts cadres qui occupent, aujourd’hui, de grandes responsabilités dans tous les domaines". Répondant à une question sur le non renouvellement des cadres au sein du MUR et l’absence de relève, Raïssouni affirme que le Mouvement regorge de gens compétents et qu’une nouvelle génération est en mouvement. Il ajoute, toutefois, que plusieurs dirigeants ont rejoint le PJD ou l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), quand ils n'ont pas été "enrôlés" au sein du ministère des Habous et des affaires islamiques.
A la question de savoir qui présidera à la destinée du MUR lors du prochain congrès, Raïssouni affirme que le président actuel, Abderrahim Chikhi, peut prétendre à un troisième mandat puisque le règlement l’y autorise. Et Abdelilah Benkirane n’est-il pas éligible? demande Akhbar Al Yaoum. "Légalement, Benkirane peut postuler à ce poste mais je pense improbable qu’il ait la moindre intention de revenir en arrière. Par contre, il peut reprendre les rênes du PJD lors du prochain congrès, puisque le règlement le lui permet, et je crois qu’il compte reprendre le flambeau pour un autre mandat". Et boom!
Ceci étant, Raïssouni reconnaît, même si ce n'est qu'à demi-mot, que le MUR ne se manifeste plus sur la scène publique. En effet, explique-t-il, les sujets politiques et socio-économiques ont été pris en charge par plusieurs autres organes, dont notamment le PJD, l’UNMT et autres associations de la société civile. Ainsi, ajoute l’ex-président, le MUR se consacre à sa vocation première, en l’occurrence le prêche, l’éducation et la formation religieuse, sans pour autant se désintéresser totalement de l'actualité. Autant dire, enchaîne Raïssouni, que l’absence du MUR de la scène publique n’est pas imputable à la gestion de la direction actuelle mais relève plutôt d’un changement d’orientation: "Nos activités sont purement religieuses et nous n’intervenons pas dans ce qui est politique, socio-économique ou autres questions relevant de la responsabilité des organes compétents. Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère des Habous et des affaires islamiques, même si ses dirigeants ne le reconnaissent pas officiellement".