La ville d’Agadir continue de donner l’image d’un territoire à deux vitesses, marqué par de profondes disparités spatiales et sociales. Le constat est du quotidien Al Akhbar dans son édition du jeudi 28 août. D’un côté, des quartiers huppés, conçus pour les élites économiques, les responsables administratifs et les notables, concentrent l’essentiel des infrastructures modernes, des services publics de qualité et même des équipements de confort. De l’autre, une large ceinture de quartiers populaires et de zones périphériques semble exclue du mouvement de modernisation que connaît la capitale du Souss.
Une simple tournée dans les zones situées sur les contreforts de l’Atlas, relevant du territoire de la commune d’Agadir (notamment à Aït Taoukt, Aït El Mouden, Aimounsis ou encore Ighil Adardour), sans oublier le quartier densément peuplé de Taddart, près d’Anza, suffit à prendre la mesure du contraste, écrit le quotidien.
Là où les grands projets d’aménagement se sont concentrés, c’est-à-dire autour du port, du centre-ville et le long de l’axe autoroutier menant à l’aéroport Al Massira, la transformation est visible. Mais, au nord de cet axe, le sentiment d’abandon domine. Routes inexistantes ou impraticables, enclavement persistant, manque de transports collectifs, absence d’administrations de proximité et rareté des services de base… Les failles sont légion.
Lancé en 2020, le programme de développement urbain d’Agadir devait repositionner la ville comme un pôle attractif et compétitif. S’il a permis de réhabiliter plusieurs espaces stratégiques, il a laissé de côté de larges pans de la commune, accentuant la perception d’une «Agadir utile» et d’une «Agadir inutile».
À quelques mois de la fin du mandat du Conseil communal, la question des inégalités urbaines revient avec force. Lors de sa réunion de lundi dernier, présidée par le maire, le bureau du Conseil a enfin inscrit à son ordre du jour un point consacré à la réduction de ces écarts. L’objectif est d’élaborer un programme spécifique de mise à niveau des quartiers sous-équipés, conformément aux orientations royales rappelées lors du dernier discours du Trône.
Les priorités annoncées portent sur l’ouverture et la réhabilitation de routes, l’amélioration de l’éclairage public, la création d’espaces verts et de proximité, ainsi que la mise en place d’équipements sociaux, culturels et sportifs. Des marchés de proximité devraient également voir le jour afin de dynamiser l’économie locale et améliorer la qualité de vie des habitants, lit-on.
Reste la question du financement. Car la commune d’Agadir, lourdement endettée, dispose de marges budgétaires limitées. Les élus reconnaissent qu’il faudra «mobiliser toutes les ressources financières disponibles et accélérer les procédures» pour donner corps à ces projets. Une déclaration qui, pour nombre d’habitants des quartiers oubliés, sonne comme une nouvelle promesse renvoyée à un avenir incertain.
Entre une ville vitrine, rénovée et mise en valeur, et une périphérie reléguée, l’équation reste entière. La capacité des autorités locales à traduire leurs engagements en actions concrètes déterminera si Agadir peut, enfin, offrir une justice spatiale et une qualité de vie équitable à l’ensemble de ses habitants.








