Le chef du gouvernement a vécu une fin de semaine difficile, suite aux répercussions de l’affaire de la CNSS dans laquelle sont impliqués deux de ses collègues au gouvernement et dans le parti. Du coup, le Conseil de gouvernement qui devait se tenir samedi dernier a été reporté. D’autant que plusieurs voix s’élèvent au Parlement pour demander la démission des deux ministres, sans oublier qu’on parle de plus en plus d’un changement radical dans l’équipe gouvernementale. Les difficultés de Saâd-Eddine El Othmani ne se sont pas limitées à la primature. En effet, elles ont créé la tourmente au sein de son parti, qui n’a pas réussi à contenir ce dérapage juridique et moral.
Car, au moment où les islamistes s’attendaient à ce que les choses se décantent avec l’audition de Mustapha Ramid, vendredi dernier, et espéraient la prise d’une décision qui sauverait la face du parti, la Commission de la transparence n’a pu trancher sur cette affaire. Certaines sources indiquent que ladite commission présidée par le conseiller du chef du gouvernement, Saïd Khairoune, a acté la violation de la loi par Mustapha Ramid et Mohamed Amekraz. Le ministre d’Etat aurait essayé de justifier sa bourde par sa bonne foi, comme cela a été diffusé à grande échelle dans les médias et sur les réseaux sociaux. Une justification qui a provoqué une vague de critiques et qui a mis ladite commission dans l'embarras, l’onde de choc du scandale n'ayant pu être atténuée et les deux ministres n'ayant pu être sacrifiés à la veille de la tenue du Conseil de gouvernement.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du lundi 29 juin, que le parti a connu un débat interne restreint où certains membres ont poussé à une prise de position ferme, pour circonscrire cette affaire. C’est ce que confirment certains dirigeants du PJD qui, sous couvert d’anonymat, ont affirmé que la Commission de la transparence avait traité le dossier de Ramid avec fermeté. D’autres, comme le jeune dirigeant Hassan Hamoro, considèrent que les organes du parti, y compris la Commission de la transparence, sont habilités à traiter les infractions relatives à la gestion publique et non pas celles ayant trait aux cabinets privés des membres du parti. La fraude à la CNSS, ajoute-t-il, devrait faire l’objet de simples conseils et d'un appel au respect des droits et des lois.
Toujours est-il que les islamistes sont dans une mauvaise posture, notamment leur secrétaire général et chef du gouvernement qui voit les critiques fuser de toutes parts. Les parlementaires ont été les plus virulents et ont demandé la démission des deux ministres mis en cause dans l’affaire de la fraude à la CNSS. D’autres ont demandé la constitution de commissions d’enquête sur ce sujet, sachant que le ministre du Travail, Mohamed Amekraz, avait refusé de répondre aux questions des parlementaires et à leur appel à l’ouverture par la CNSS d’une enquête sur cette affaire. En effet, le ministre, qui est aussi président du conseil d’administration de la CNSS, n’a pas jugé bon d’accéder à leur requête.