L’enquête judiciaire menée par la justice espagnole sur l’affaire Mohamed Benbattouche continue de délivrer son lot de secrets. La pression sur la ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, s’accentue de jour en jour depuis que les investigations de l’Audience nationale ont montré qu’elle était fortement impliquée dans l’arrivée de Brahim Ghali en Espagne sous une fausse identité. Le juge d’instruction du tribunal n° 7 de Saragosse a, d’ailleurs, sommé la cheffe de la diplomatie espagnole de lui délivrer le nom de la personne qui a autorisé le chef des séparatistes à quitter l’aéroport sans passer par le contrôle douanier.
C’est la même requête qu’a adressée l’avocat Antonio Urdiales au juge après avoir accusé le cercle d’Arancha Gonzales d’avoir falsifié des documents, utilisé un faux passeport et versé dans la tergiversation pour contourner la loi. Mais cette fois-ci, l’avocat espagnol demande au juge de Saragosse, Rafael Lasala, de poursuivre le directeur de cabinet de la ministre des Affaires etrangères, Camilo Villarino, pour fraude et dissimulation. Le parquet général, précise l’avocat Urdiales, doit statuer, immédiatement, sur la responsabilité du ministère des Affaires étrangères dans l’entrée illégale en Espagne du chef du Polisario.
Le quotidien Al Akhbar rapporte que le commissariat général à l’information de la police a informé l’Audience nationale que Brahim Ghali disposait d’une carte d’identité délivrée par l’Etat espagnol en janvier 2006 et renouvelée le 30 juin 2016 à Talavera de la Reina. La police confirme que le chef des séparatistes avait un document d’identité espagnol quand il est arrivé à bord de l’avion présidentiel algérien qui a atterri à la base militaire de Saragosse.
Ces détails ont été révélés après que le juge d’instruction de l’Audience nationale, Santiago Pedraz, a demandé le 7 mai dernier à la police de lui fournir un rapport sur l’identité du malade hospitalisé dans l’hôpital San Pedro de Logroño. La police espagnole avait alors confirmé qu’il possédait une carte d’identité au nom de Ghali Sidi Mohamed Abdeljalil né à Smara le 18 août 1948. La consultation du registre des antécédents judiciaires a montré, par ailleurs, que le tortionnaire en chef du Polisario disposait d’une autre carte d’identité au nom de Brahim Ghali Moustafa.