L’alliance des services de renseignement franco-algériens, établie depuis quelques temps pour contrer les intérêts marocains, n’a pas résisté au premier incident de parcours après l’exfiltration vers la France de la journaliste et militante des droits de l’homme, Amira Bouraoui.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du week-end (11 et 12 février ), que l’Algérie officielle n’a pas tardé à dénoncer ses liaisons avec la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). L’agence de presse algérienne (APS) est allée jusqu’à brandir la menace de la rupture avec Paris après un mariage d’intérêt éphémère entre les deux présidents, Emmanuel Macron et Abdelmajid Tebboune. L’APS n’a pas hésité à accuser les services de renseignement français de vouloir saborder tout ce qui a été construit pour ouvrir une nouvelle page entre les pays.
La réaction de l’Algérie a révélé la persistance d’une guerre froide fondée sur une obédience masquée aux services russes. L’APS a ainsi écrit «que les Français se trompent d’adresse s’ils pensent répéter le scénario de la baie des Cochons (tentative d’invasion de Cuba en 1961 par les États-Unis). La femme exfiltrée vers la France n’est ni une journaliste, ni une militante, et qui se voit, 48 heures après son exfiltration, invitée à s’exprimer sur des chaînes de télévision publiques. Ceci est la preuve que les services français ont sonné la mobilisation générale de leurs agents dont l’objectif recherché est désormais clair».
Le quotidien Assabah souligne que la France a essayé de dissimuler la coopération de l’axe Alger-Paris en matière de renseignement. Interrogé sur ce sujet, le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères, François Delmas, a botté en touche les accusations de l’Algérie en déclarant: «Pour notre part, nous entendons continuer à travailler à l’approfondissement de notre relation bilatérale». L’Algérie avait rappelé son ambassadeur à Paris après l’annonce du passage d’Amira Bouraoui vers la Tunisie «de façon illégale pour échapper au contrôle judiciaire algérien», sous prétexte qu’elle est passible de deux ans de prison pour offense au président de la République à travers les réseaux sociaux.