Durant les derniers jours de son mandat, le PJD a mis les bouchées doubles pour nommer le plus grand nombre de fidèles à des postes à responsabilité dans l’administration. Une véritable course contre la montre, souligne le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 11 et 12 septembre. L’agenda des dernières réunions du conseil du gouvernement comportait à chaque fois des nominations du genre, aussi bien dans l’administration centrale que dans les délégations et antennes régionales qui relèvent des différents ministères.
Pressentant sans doute sa défaite électorale, le parti voulait absolument prendre racine dans l’administration, à différents niveaux, pour pouvoir renaître de nouveau. Les dirigeants et autres stratèges du PJD ont ainsi mis au point ce projet qui leur permettra de se prémunir des aléas électoraux. Il s’agit de placer les membres et les adeptes de l’idéologie du parti islamiste aux postes clés dans différents ministères et administrations de l’Etat. C’est une stratégie adoptée, d’ailleurs, par de nombreux partis islamistes de la région.
Ces fonctionnaires constituent en réalité, souligne Assabah, des «cellules dormantes» qui peuvent être activées à des moments de crise. Pour le parti islamiste, la défaite électorale du 8 septembre importe peu. Ce qui importe, par contre, ce sont les prochaines élections et le rôle de ces «cellules dormantes» pour tisser des réseaux relationnels afin de les actionner le moment venu.
A peine porté aux affaires, en 2011, le PJD a tout fait pour noyauter l’administration. Le gouvernement qu’il dirigeait s’est, en effet, empressé de présenter le projet de loi relatif à la nomination aux hauts postes à responsabilité. L’adoption de ce texte a été bouclée en un temps record alors que le même gouvernement a pris tout son temps lorsqu’il a été question de textes législatifs bien plus importants, note le quotidien. En deuxième étape, le PJD a déclaré la guerre aux responsables et directeurs des administrations et des établissements publics, dans le cadre de ce qu’il appelait le «combat du fassad» (la prévarication).
L’idée était de terroriser les cadres au point de provoquer une paralysie dans les administrations et les établissements publics, ouvrant la voie à leur remplacement et donc à de nouvelles nominations. C’est une stratégie qui a fini par payer et qui a d’ailleurs été testée avec succès par bien des partis islamistes dans les pays de la région. Les cadres en question, ont soit été poussés à la démission ou ont préféré se mettre en retrait en attendant que l’orage passe. Le PJD a ainsi profité de cette situation pour implanter ses membres et adeptes un peu partout dans l’administration.
C’est d’ailleurs cette stratégie, explique le quotidien, qui lui a permis, en partie, de remporter les élections de 2015 et 2016. Ces cadres, souligne le quotidien, doivent faire allégeance non pas à l’Etat, mais au parti. Parfois, pour ne pas attirer l’attention, le PJD ne place pas les siens directement. Il commence par les recruter dans les cabinets des ministères qu’il dirigeait, puis finit par les intégrer dans la fonction publique.
Le PJD a certes été battu aux élections par KO, conclut le quotidien, mais il n’a pas jeté l’éponge. Les «cellules dormantes» qu’il a plantées dans les ministères, les administrations et les communes et dont les membres se comptent en milliers, sont, elles, prêtes à entrer en action. Elles n’attendent que le feu vert pour se mettre au travail. Leur mission étant de préparer un retour en force du parti lors des prochaines élections.