Le régime algérien navigue à vue. Improvise. Il veut à tout prix se trouver un ennemi pour le dispenser de sa responsabilité dans la gestion catastrophique du pays, le manque d’anticipation et son impéritie chronique qui ont embourbé l’Algérie dans une impasse. Nous nous sommes habitués aux diatribes des généraux algériens, de leur revue El Djeich, et aux cris d’orfraie du chef de la diplomatie Lamamra contre le Royaume du Maroc. Mais cette fois-ci, un pas a été franchi dans l’hostilité contre le Maroc et il met à découvert un régime qui se noie.
«Le président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, Abdelmadjid Tebboune, a présidé ce mercredi une réunion exceptionnelle du Haut Conseil de Sécurité», nous apprend l’APS, agence d’Etat. De quoi était-il question au cours de ce «Haut Conseil de Sécurité exceptionnel»? «Des actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc et son allié, l'entité sioniste, contre l'Algérie». Le ministre algérien des Affaires étrangères nous a déjà donné un aperçu de ces prétendus «actes hostiles» dans un communiqué, rendu public le 15 août dernier. Ce qui a au moins le mérite de nous apporter la preuve que c’est la junte qui dicte la conduite à suivre à la diplomatie algérienne.
Mortifiée par les déclarations à la presse, depuis Rabat, du ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, qui a exprimé son inquiétude quant au rôle «joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine», la junte a poussé Lamamra à réagir de façon hystérique.
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«Cette sortie intempestive, dont le véritable instigateur n’est autre que Nasser Bourita en sa qualité de ministre des Affaires étrangères du Royaume du Maroc, traduit une sourde volonté d’entraîner son nouvel allié moyen-oriental dans une aventure hasardeuse dirigée contre l’Algérie, ses valeurs et ses positions de principe», écrit le chef de la diplomatie algérienne. Et d’évoquer un «aventurisme dangereux qui parie sur le pire».
Ce mercredi, après avoir parlé d’évaluation du plan prétendument ourdi par le Maroc et Israël contre l’Algérie, le Haut Conseil de Sécurité affirme que «l’implication est établie» du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et du mouvement Rachad, à la fois dans les feux de forêts qui ont ravagé le nord de l’Algérie et dans le meurtre abject de l’artiste Djamel Bensmaïl, qui a été lynché à mort et brûlé, le 11 août dernier, à Larbaa Nait Irathen (dans la wilaya de Tizi Ouzou).
A titre de rappel, ce jeune homme avait été arrêté par la police au prétexte qu’il s’apprêtait à alimenter les feux dans les forêts. Cette même police a sciemment ébruité la nouvelle de son arrestation et le lieu où la fourgonnette l’acheminait. La police l’a ainsi livré à un groupe, composé d’une centaine de personnes, qui l’attendaient à l’entrée du commissariat de Larbaa Nait Irathen. Quand on sait que Djamel Bensmaïl est une figure bien connue du Hirak, on peut se poser de sérieuses questions sur les raisons qui ont poussé la police à le livrer ainsi en pâture à une foule en colère, et surtout de n’avoir pas procédé à des tirs de sommation pour disperser ceux qui l’ont ensuite mis à mort.
Le meurtre innommable de ce jeune homme a provoqué une vraie onde de choc en Algérie. Le régime s’est noyé dans des explications hasardeuses pour dispenser la police de sa responsabilité dans ce meurtre, ce qui n’a pas convaincu l’opinion publique.
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«Le Haut conseil de sécurité a décidé, outre la prise en charge des blessés, d’intensifier les efforts des services de sécurité pour l’arrestation du reste des individus impliqués dans les deux crimes, ainsi que tous les membres des deux mouvements terroristes qui menacent la sécurité publique et l'unité nationale, jusqu'à leur éradication totale, notamment le “MAK“ qui reçoit le soutien et l’aide de parties étrangères, en tête desquelles le Maroc et l'entité sioniste. Les actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l'Algérie, ont nécessité la révision des relations entre les deux pays et l'intensification des contrôle sécuritaire aux frontières Ouest», souligne le communiqué. Faut-il rappeler que les frontières terrestres entre le Maroc et l’Algérie sont fermées depuis 1994?
Faut-il aussi rappeler que MAK et Rachad sont deux mouvements pacifiques? Faut-il presser le régime algérien de fournir les preuves dont il dispose sur l’implication du Maroc et d’Israël dans les actes hostiles contre l’Algérie ou même de leurs liens avec le MAK et Rachad? Le Maroc abrite-t-il sur son territoire le MAK ou Rachad– pourtant pacifiques– comme le fait l’Algérie pour le Polisario qu’elle finance, arme et soutient diplomatiquement, à la seule fin de tuer des Marocains et de contrarier l’intégrité du Royaume? Les responsables de MAK et de Rachad se trouvent en France, au Royaume-Uni et en Suisse. Pourtant le Haut Conseil de Sécurité se garde de nommer une seule fois les pays qui accueillent ces militants pacifiques. Pourquoi?
Le monde entier rit de l’Algérie. Les feux de forêts embrasent plusieurs pays du pourtour méditerranéen, dont le Maroc. Aucun pays au monde n’a crié au complot ou à la conspiration. Le régime algérien est seul pays à pousser des cris hystériques contre «une origine criminelle», sans doute pour tenter de faire diversion à son incompétence endémique.
Des paroles creuses, voilà à quoi l’Algérie est réduite aujourd’hui. La junte n’est même pas capable d’assurer l’eau potable, l’oxygène et le pain au peuple algérien, ni d’éteindre des feux de forêts qui se sont soldés par le lourd bilan de 90 morts, dont 33 militaires. Comment serait-elle capable de traduire ses accusations sans preuves en actes? La junte doit de plus aussi faire face à une armée démoralisée, dont 33 soldats ont été envoyés à une mort certaine, armés de pelles seulement pour éteindre des feux nourris. Or ces soldats avaient déjà le moral en berne, en atteste un document, daté du 20 décembre 2020, signé par l’ex-secrétaire général du ministère algérien de la Défense. Dans ce courrier, le général Abdelhamid Ghriss attirait l’attention de sa hiérarchie sur une solution rapide à trouver à l’hémorragie qui saigne le gros des troupes de l’armée, dont les soldats et les sous-officiers, qui ont massivement présenté des demandes de désengagement en vue de quitter un corps qu’ils estiment bien trop gangrené par la corruption.
Au final, la seule séquence de cette «réunion exceptionnelle du Haut Conseil de Sécurité», qui pourrait se traduite en actes, est bien celle-ci: «le président de la République a chargé l’ANP d'acquérir six (06) avions, de différentes tailles, destinés à l’extinction des incendies». Il serait temps.