Malgré les nombreux sujets de friction actuellement entre les deux premières puissances mondiales, Pékin et Washington tentent tous deux de maintenir un certain niveau d’échanges et de rencontres. Mardi, heure chinoise, les deux parties ont indiqué que deux hauts responsables militaires chinois et américain avaient pu échanger lors d’un appel vidéo: Samuel Paparo, chef du commandement indo-pacifique des États-Unis, et Wu Yanan, chef du Commandement du théâtre Sud de l’armée chinoise.
«De telles discussions entre de hauts dirigeants permettent de clarifier les intentions et de réduire les risques de perception erronée et d’erreur d’appréciation», a noté Samuel Paparo dans le communiqué diffusé par son commandement, tout en évoqué les récentes «interactions dangereuses avec les alliés des États-Unis» de la part de la Chine.
C’est pourquoi il a «exhorté l’Armée populaire de libération (armée chinoise, ndlr) à reconsidérer son utilisation de tactiques dangereuses, coercitives et potentiellement escalatoires en mer de Chine méridionale et ailleurs», selon le communiqué.
«Questions d’intérêt commun»
La Chine revendique, au nom de raisons historiques, la quasi-totalité des îlots de la mer de Chine méridionale, face à d’autres pays riverains (Philippines, Vietnam, Brunei, Malaisie), aux prétentions rivales. La semaine dernière, elle a assuré avoir défendu «ses droits» de manière «légitime» après une énième collision entre des navires de ses garde-côtes et des bateaux philippins près d’un récif disputé dans cette zone maritime.
Côté chinois, le compte-rendu de l’appel vidéo de mardi donne peu de détails sur le contenu de la conversation, indiquant seulement que «les deux parties ont eu un échange de points de vue approfondi sur des questions d’intérêt commun», selon le communiqué du ministère de la Défense.
Cet échange était le premier du genre depuis la suspension par la Chine des communications militaires entre les deux pays, en représailles d’une visite en 2022 de Nancy Pelosi, alors cheffe de la Chambre des représentants, à Taïwan.
Il survient deux semaines après la visite à Pékin de Jake Sullivan, premier conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche à s’être rendu en Chine depuis 2016. Une visite de trois jours sur fond de tensions entre ce pays et des alliés clés des États-Unis en Asie (Japon, Philippines et Taïwan).
«Liberté de navigation»
Lors de ce déplacement, Jake Sullivan a été reçu par le président Xi Jinping et a eu un tête-à-tête avec le général Zhang Youxia, le vice-président de la Commission militaire centrale, qui a notamment porté sur Taïwan. Les deux parties s’étaient alors mises d’accord sur un prochain appel entre des chefs des commandements des deux pays.
Jake Sullivan avait souligné, lors de sa visite, l’importance de la «liberté de navigation» en mer de Chine méridionale et de la «stabilité» dans le détroit de Taïwan qui sépare cette île de la Chine continentale. Le général Zhang, en retour, a prévenu que le statut de Taïwan constituait «la première ligne rouge ne pouvant être franchie en ce qui concerne les relations sino-américaines».
«La Chine demande que les États-Unis mettent un terme à toute collusion militaire avec Taïwan, cessent d’armer Taïwan et arrêtent de diffuser de fausses nouvelles en lien avec Taïwan», avait-il lancé. Il avait aussi appelé Washington à «travailler avec la Chine pour promouvoir la communication et les échanges entre les deux armées».