L’Office national de lutte contre la délinquance financière au Royaume-Uni (SFO), a révélé lundi qu’il enquêtait sur une affaire de corruption dans laquelle est impliquée la société d’armement Ultra Electronics en Algérie. Une enquête confirmée par Adel Khalef, directeur d’Algérie Advice Consulting, qui représente cette société britannique en Algérie.
L'entreprise, qui est spécialisée dans les systèmes de communication radio à destination des forces terrestres, aériennes et maritimes, serait compromise dans cette affaire à raison de 459.000 euros. Un chiffre qui semble minime par rapport au montant du marché global adjugé à une autre entreprise.
C’est ce qui a poussé Adel Khalef à déclarer au site électronique, TSA, qu’ultra Electronics est victime dans cette affaire: «La société Ultra Electronics a été victime des agissements peu scrupuleux des responsables de la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires, qui nous avaient officiellement retenus parmi les nombreuses offres de nos concurrents, pour fournir le logiciel de gestion aéroportuaire de la nouvelle aérogare d’Alger».
Et de donner les détails de cette transaction qui n’a pas abouti, faute de pots de vin accordés au maître d’ouvrage: «On nous a menti en prétextant que notre offre commerciale était trop chère bien qu'elle fût à 4 millions de dollars alors que le budget alloué était de 7 millions. Comme on a refusé strictement les tentatives de corruptions et de malversations, on s’est vu retirer le marché de façon arbitraire et radicale»
Le directeur d’Algérie Advice Consulting a affirmé qu’il avait signalé, en son temps, ces agissements aux autorités algériennes, voire à la justice mais qu’il n’a jamais reçu de réponse. Cette affaire dénote une corruption ancrée dans les milieux des affaires et de la politique en Algérie. Tout le monde se rappelle le scandale de la SONATRACH où fut mis en cause l’ex-ministre de l’énergie algérien de l’époque, Chakib Khelil.
Ce dernier fut mis en examen et plusieurs de ses collaborateurs ont écopé de peines de prison dans une transaction illégale de 197 millions d’euros pour l’obtention d’un marché de 8 milliards d’euros. La justice italienne a pour sa part condamné à huit ans de prison Farid Bedjaoui, l’homme de confiance de l’ex-ministre Chakib Kheli, et à 6 ans de prison l’ex-patron d’Eni Paolo Scaroni sans oublier une amende d’un milliard d’euros infligée aux sociétés italiennes Eni et Saipem.
Autant dire que la corruption ronge tous les secteurs de la vie économique et militaire de l’Algérie. L’affaire Ultra Electronics rappelle une transaction militaire tout aussi rocambolesque. L’Algérie avait commandé des MIG 29 à la Russie qui se sont avérés inopérationnels et qui ont été échangés contre des Sukhoi qui étaient également défectueux. C’est dire que le marché de l’armement est une poule aux œuf d’or pour les responsables algériens qui perçoivent des «rétrocommissions» conséquentes, même si le matériel acheté ne répond pas aux besoins de l’armée.
On comprend aujourd’hui pourquoi le budget défense du voisin de l’Est s'élève à plus de 10 milliards par an. Avec le taux le plus bas, le montant de la «commission» ou plutôt de la corruption convertit ses bénéficiaires en des milliardaires.
Face à ce scandale, la Grande-Bretagne cessera-t-elle d'approvisionner l'Algérie en armes? La question agite en tout cas les ONG britanniques, alarmées à l'idée que leur pays livre des armes à "un Etat totalitaire" et corrompu jusqu'au bout des ongles.