Les généraux algériens tombent comme des feuilles d’automne, les uns après les autres. Le cas du général-major Saïd Bey, hospitalisé actuellement à Paris, après son limogeage en août dernier, dans le cadre d’une purge inédite opérée au sein de l’armée algérienne, et dont le but caché est de déblayer le terrain devant "Fakhamatoho le président Bouteflika" pour briguer un 5e mandat très controversé, illustre parfaitement le mépris qu'exprime le clan présidentiel envers les hauts gradés de l’armée nationale populaire (ANP), sans parler de sous-fifres qui sont traités par-dessus jambes!
Débarqué de la manière la plus humiliante en août dernier, le général-major Saïd Bey, ex-commandant de la deuxième Région militaire (Oran), a été hospitalisé à Paris et livré à lui-même. Selon les sources de le360, le général-major Zerouk Dehmani, directeur du Service social au ministère de la Défense nationale (MDN), «a donné ses instructions à l’effet de ne plus assister le général-major Saïd Bey». Du coup, toutes les prises en charge qui ont été accordées par l’Etat algérien au haut galonné tombé en disgrâce ont été annulées!
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De quel «crime» Saïd Bey, qui était considéré jusqu’il y a peu comme l’un des principaux dirigeants de l’ANP, est-il coupable? Ironie du sort, ce haut galonné, fidèle compagnon du chef de l’état-major de l’ANP, Gaïd Salah, avait été nommé un certain 5 août 2004 par le président Bouteflika himself, dans le cadre d’une précédente purge grandeur nature opérée au sein de l’armée algérienne destinée à lui préparer le terrain pour décrocher un deuxième mandat à la tête de l’Etat algérien.
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Que s’est-il alors passé pour que Saïd Bey, pourtant fidèle serviteur du clan présidentiel, soit largué et humilié, au point de se voir retirer le droit même à une prise en charge médicale?
Dans ce nouveau processus d’effeuillage, le plus vaste depuis 2004, au sein de l’état-major de l’ANP, connu pour être le faiseur et le défaiseur des présidents algériens, même l’ompnipotent, Gaïd Salah, chef d’état-major de l’ANP, a failli être débarqué! À la manœuvre, Gaïd Salah, soutenu par les chefs des régions militaires, a lui-même résisté à une mise à la retraite d’office, renvoyant le porteur de la lettre présidentielle et exigeant que Bouteflika lui-même lui annonce son congé.
Seulement voilà, ce n’est que partie remise. Le général 4 étoiles (il est l’un des rares à jouir du grade de général de corps d’armée), n’en a pas moins payé les frais de la purge actuelle en voyant ses proches collaborateurs, notamment les chefs des régions militaires, mis à la porte par le clan présidentiel, précisément le frère du président, Saïd Bouteflika, le seul à détenir les clefs du palais El Mouradia et du gouvernail (chavirant) de l’Algérie.
Mais passons, car il y a du nouveau. Aux dernières informations, ordre a été donné d’interdire aux désormais ex-hauts dirigeants de l’ANP de quitter le territoire national algérien. Cette décision concerne, entre autres, Menad Nouba, chef d'état-major depuis quatre ans au Commandement de la Gendarmerie nationale (CGN), l’ancien chef de la 4e Région militaire, le général Abderrazak Chérif, l’ex-chef de la 1re région militaire, le général Lahbib Chentouf…
Sous le règne de Bouteflika, le seul à avoir osé ces purges tout azimut depuis l’avènement de l’Algérie indépendante, les généraux tombent les uns après les autres. Le clan présidentiel sait pertinemment que seuls les généraux pourraient réellement gêner le processus d’intronisation à vie du président Bouteflika. Est-ce donc un hasard si ces mêmes généraux se voient dresser des échafauds aujourd’hui?