Pour tenter de faire oublier les couleuvres que le clan présidentiel lui fait avaler, notamment celles du frère du chef d'Etat algérien, Saïd Bouteflika, maître-d'oeuvre de la purge visant ses lieutenants au sein de l'armée, le chef d'état-major de l'ANP, Gaid Salah, a cru bon d'agiter une nouvelle fois la fibre antimarocaine chère au palais El Mouradia et aux locataires du Club des Pins, QG algérois de l'oligarchie algérienne aux manettes.
De quoi cette énième parade est-elle donc le nom? Tenez, Gaid Salah, vice-ministre de la Défense, a supervisé, pas plus tard qu'hier mardi, "un exercice démonstratif avec munitions réelles dénommé "Iktissah 2018" au sud de Tindouf ", nous apprend un site algérien proche de l'establishment militaire.
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Vous avez bien lu: "Iktissah", entendez "invasion"! Pas besoin de vous montrer contre qui cette simulation d'"Iktissah" est dirigée: le Maroc, éternel ennemi tout indiqué du régime hérité du colonel Houari Boumediene, de son vrai nom Mohamed Boukharrouba. C'est un secret de Polichinelle que de dire que le Maroc est le palliatif des dirigeants et hauts gradés algériens aux crises internes.
Sauf que là, la cible de la manoeuvre de Gaid Salah est désignée de manière à peine voilée. "Cet exercice tactique avec munitions réelles, exécuté sous le thème "le premier groupement de forces en offensive à partir du contact direct avec l'ennemi", a vu la participation des unités organiques et des unités élémentaires relevant du Secteur Opérationnel Sud de Tindouf", klaxonne un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).
Voilà qui remet sur la tapis la question de la participation de la soi-disant "armée" du polisario à cet "Iktissah" simulé dans le Secteur opérationnel sud de Tindouf, où se terre le front séparatiste du Polisario, avec comme QG le camp Rabouni, siège du secrétariat national du front. Inutile de rappeler que le crash de l'avion militaire algérien à Boufarik qui se dirigeait justement à Tindouf, et qui a fait 257 morts dont des Polisariens, a mis à nu la collision entre l'armée algérienne et le Polisario.
Les indicateurs réunis convergent vers une participation du Polisario à cet exercice, destiné à préparer ses bénéficiaires à "des conditions de combat réel" ! Compte tenu du terrain de jeu de cet exercice, secteur opérationnel Sud de Tindouf, il est plus que probable que les milices du polisario y ont été associées, à la faveur d'une nouvelle tension supplémentaire des relations d'Alger avec son voisin de l'ouest, qu'elle n'a eu de cesse de provoquer en apportant un soutien multiforme au front séparatiste du Polisario, notamment sur le plan militaire.
L'on sait que le Maroc a toujours été le principal sujet de la politique extérieure du régime algérien résolument hostile à son voisinage. Il "s'invite" aujourd'hui dans le chaudron intérieur d'un régime en déliquescence avancée, et qui veut se ménager au détriment du vrai-faux ennemi "marocain", une porte de sortie de la crise très grave qui secoue son pays.