L'explosion du 4 août a fait plus de 190 morts et 6.500 blessés, ravageant des quartiers entiers. Deux mois plus tard, l'enquête des autorités libanaises n'a toujours pas abouti et aucun résultat n'a été rendu public.
Dimanche, peu après 18h00 (15H00 GMT), à l'heure exacte de la déflagration qui a fait basculer Beyrouth dans l'enfer, des dizaines de ballons blancs sur lesquels étaient inscrits les noms des victimes ont été lâchés vers le ciel, depuis une avenue surplombant le port, a rapporté un photographe de l'AFP.
Lire aussi : Explosion à Beyrouth: des artistes libanais saluent le geste humanitaire du roi Mohammed VI
Plusieurs chants libanais ont été diffusés par des hauts-parleurs, notamment Li Beirut (pour Beyrouth), interprété par la dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz.
Brandissant les portraits de victimes, leurs proches et des militants se sont rassemblés, bloquant brièvement la route.
Ils ont exprimé leur colère contre les dirigeants, jugés responsables du drame de par leur corruption et leur incompétence.
"C'est trop leur demander de savoir qui a commis ce crime contre l'humanité?", s'indigne Samia.
Mère de jumelles de neuf ans, elle a perdu son mari qui travaillait au port.
"Nous vivons dans la souffrance. Mes enfants ont été privés du mot +papa+ pour toute leur vie", ajoute-t-elle.
Salwa a perdu son oncle, lui aussi employé au port. "Il était comme un père pour moi", lâche la jeune femme.
"Je veux juste dire, que Dieu vous pardonne. Comment peut-il leur pardonner, mais que Dieu leur pardonne", ajoute-t-elle, avant d'être interrompue par une autre femme, souhaitant elle "que Dieu se venge d'eux", en référence aux dirigeants.
"Nous voulons juste que toute personne impliquée, responsable de cette explosion, de cette catastrophe, soit punie", ajoute Salwa.
De l'aveu même des autorités, l'explosion a eu lieu dans un entrepôt où était stockée depuis plus de six ans et "sans mesures de précaution" une énorme quantité de nitrate d'ammonium.
Refusant les appels à une enquête internationale, les autorités ont lancé leur propre investigation. Une vingtaine de personnes ont été interpellées.
Lire aussi : Matières dangereuses: les autorités de Tanger renforcent le contrôle, un mois après l’explosion à Beyrouth
Mais c'est toute la République qui était au courant des dangers que posait une telle quantité de produits chimiques, à quelques encablures seulement des quartiers résidentiels de Beyrouth.
Le président Michel Aoun, le Premier ministre démissionnaire Hassan Diab, des membres de son gouvernement mais aussi des responsables des services de sécurité avaient été avertis.