Comme à son habitude, la capitale algérienne a fait le plein de hirakistes, ce vendredi 23 avril. Elle a été en effet envahie par ce qui semble bien être, au bas mot, des centaines de milliers de manifestants, tellement la foule des manifestants s’étendaient à perte de vue.
En plus de l’emblématique slogan «dawla madania, machi askaria» («un Etat civil et non militaire»), la foule a scandé de nombreux autres slogans anti-généraux comme «les généraux ya khawana maranach habsin» («les généraux ô traîtres, nous n’allons pas nous arrêter»), «moukhabarat irhabia tasqet el mafia el askaria» («les services de renseignement sont terroristes, à bas la mafia militaire»), «eddouna gâa lhabes, wa echaab mahouch habes» («jetez-nous tous en prison, le peuple ne s’arrêtera pas»), «fi el assima yasqet enidham» («le système chutera à Alger»), «Ya L'issaba, dégage» («dégage le gang!»), «Tebboune lemzawar, dégage» («Tebboune l’usurpateur, dégage!»)…
A Bejaia, ce 114e vendredi a encore attiré des foules de manifestants qui scandaient des slogans en arabe et en amazigh, comme «Lzayer tessawaled agdud is yerad awal, at rohem» («l’Algérie appelle, son peuple a répondu présent, partez!»), «Dawla madania machi askaria, houria, houria, houria» («Un Etat civil et non militaire, liberté, liberté, liberté»), «Siyada chaabia, marhala intiqalia, houria, houria, houria» («La souveraineté populaire, une période de transition, liberté, liberté, liberté»).
A Tizi Ouzou, la présence des femmes en première ligne a été remarquable. Portant drapeaux, banderoles et pancartes en main, elles ont entonné «ne’ya di lbatel, système dégage!» («y’en a marre de l’arbitraire, système dégage!»).
A entendre les manifestants scander «Maranach habsin ya wlad Bigeard» («nous n’arrêterons pas, ô fils de Bigeard») ou «Istiqlal, Istiqlal» («indépendance, indépendance»), les Algériens d’aujourd’hui veulent montrer qu’ils ne diffèrent guère de ceux qui vivaient sous la domination française. Pour le Hirak, les généraux actuels (Khaled Nezzar, Mohamed Médiène, dit Toufiq et Saïd Chengriha) confisquent encore l’indépendance de l’Algérie. Ce trio est ainsi assimilé non seulement au général Bigeard, mais aussi au quarteron de généraux putschistes d’Algérie: Raoul Salan, André Zeller, Edmond Jouhoud, et Maurice Challe.
Ce 114e vendredi du Hirak a donc été marqué par une nouvelle démonstration de force du peuple algérien à travers toutes les grandes villes du pays. En dépit de la lenteur d'Internet, devenue une aubaine pour le régime, qui tente ainsi de rendre difficile les communications sur les réseaux sociaux et le post de vidéos, les Algériens parviennent à diffuser tant bien que mal les images des manifestations.
Il est utile de rappeler à cet égard que l’Algérie, que les généraux vantent comme un étant l’un des Etats les plus puissants et les plus riches d’Afrique, a été ravalée par Speedtest Global Index au rang de dernier pays du continent en matière de vitesse de débit Internet.
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Même au niveau mondial, l'Algérie est lanterne rouge, puisqu’elle ne dépasse que la Syrie et le Yémen, deux pays quasiment ravagés par des guerres civiles destructives.
Pour la superpuissance régionale qu’est l’Algérie, et même si le débit-escargot d’Internet est un don divin contre le Hirak, il est tout de même humiliant de se voir décerner par un organisme de référence le bonnet d’âne du plus mauvais élève du continent.