«Dirou wach dirou, wallah mana habssine» (quoi que vous fassiez, on ne s’arrêtera pas!). C’est par ce cri défi que les manifestations du Hirak ont débuté ce vendredi 14 mai à Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira, Sétif, Oran, Tlemcen, Mostaganem, Khenchela, Constantine, Tiaret, Bordj Bou Arriridj, Mila, Guelma...
Les forces de l’ordre ont d’abord tenté de faire avorter le démarrage des manifestations dans toutes les villes, en procédant à des arrestations par dizaines, dès les premiers rassemblements de manifestants en milieu de journée, et en bouclant les principaux itinéraires généralement empruntés par les hirakistes.
Si à Tizi Ouzou, Béjaïa ou Bouira, entre autres, les marches du Hirak ont bien eu lieu sans encombre, à Alger et à Sétif, une très forte répression s’est abattue sur les manifestants, conduisant à leur dispersion musclée et à l’arrestation violente de plusieurs personnes.
D’ailleurs la capitale, épicentre du Hirak, et qui a terrorisé le régime militaire avec la marée humaine de vendredi dernier, a été doublement quadrillée. D’une part, la police a créé, de façon volontaire, de nombreux bouchons au niveau de toutes les entrées de la ville, bloquant ainsi son accès aux manifestants venus de la banlieue et des régions voisines.
D’autre part, les forces de l’ordre ont fermé, au centre-ville, les principales artères généralement empruntées par les manifestants et procédé à des arrestations massives dès le début des premiers attroupements. Quasiment tous les journalistes présents au centre d’Alger ont été arrêtés, dont Khaled Drareni, qui a eu le temps de poster une vidéo de la répression sur sa page Facebook. Seul le photojournaliste d’Al Watan, Sami Kharoum, a été vite identifié et relâché.
De même, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, Mohcine Belabbas, et son bras droit, Athmane Mazouz, qui manifestaient à Alger, ont été arrêtés. Plusieurs sources concordantes affirment que plus de 600 personnes, dont la moitié à Alger, ont été arrêtées dès la première heure des marches de ce 117e vendredi.
Cette vague de répression anti-Hirak était prévisible, suite au récent oukase décrété par le régime algérien le 9 mai courant. En effet, dimanche dernier, le ministère algérien de l’Intérieur avait, dans un communiqué officiel, choisi, face aux manifestations populaires du Hirak, la solution du pire.
Il a ainsi décidé que toute manifestation non déclarée au préalable, et dont les organisateurs, les slogans et l’itinéraire n’ont pas été notifiés aux autorités, est considérée comme portant atteinte à l’ordre public, et donc «illégale». Le bras de fer entre le régime militaire et le peuple algérien ne fait que commencer.