«Achaab yourid Al istiqlal» (le peuple veut l’indépendance). C’est par ce slogan fort que les manifestants du Hirak ont entamé ce 26 mars, 2021 leurs imposantes marches hebdomadaires, surtout à Alger.
Les manifestants ont vivement interpellé les généraux, les appelant à se mettre à l’écart du pouvoir. Cette invite, qui est en fait l’objectif ultime du Hirak, est quasiment présente dans tous les slogans, dans lesquels les généraux sont le plus souvent taxés de Issaba (bande ou gang). «Ah ya El issaba dawla madanya, Ah Ya El issaba machi askaria» (Hé le gang, Etat civil. Hé le gang, non pas militaire).
«Généraux yal khawana, wallah mana habssine, klito leblad» (Généraux, ô traitres, on jure par Allah qu’on ne s’arrêtera jamais. Vous avez mangé le pays...). D’ailleurs l’homme fort du régime algérien, l’actuel chef d’état-major de l’armée, a été nommément ciblé par les Algériens: «Ya Chengriha daz maâhoume, yatnahaw gaâ ou ntaya maâhoume» (Chengriha, pousse avec eux. Qu’ils soient tous écartés, et toi avec eux).
Pour leur part, les généraux Mohamed Mediène, dit Toufik, et Khaled Nezzar ont également fait l’objet de slogans dans lesquels le peuple exige qu’il y ait reddition des comptes de la part de ces deux principaux responsables de la décennie noire qui a fait 200.000 morts parmi les Algériens: «Oulbareh maâ Toufik, désolé, désolé, kantou tdbhou Lrachi inani, inani» (Hier avec Toufik, désolé, désolé, vous égorgiez les gens sans même pas chercher à vous cacher).
Et comme pour répondre aux semblants de désaccords que le pouvoir cherche à insuffler pour diviser le Hirak, les manifestations ont exigé «les clés de la maison, car il n’y a pas de discussion avec la issaba», dit un slogan scandé à Tizi Ouzou. Ou encore «siyada Chaabia, marhala intiqalia» (souveraineté populaire et transition). Pas question donc d’élections: «makaynch intikhabat maa El issabat» (pas d’élections avec les gangs).
Toutes les grandes villes d’Algérie ont été le théâtre de gigantesques marches populaires, où le slogan «dawla madania, machi askaria» a été copieusement entonné à la face des généraux que le peuple voue «à la poubelle».
Actualité oblige également, certaines figures du Hirak, comme Karim Tabbou, Mohcine Belabbas et Mustafa Bouchachi, ont participé aux manifestations de ce 110e vendredi, à la veille duquel le pouvoir avait confectionné et publié une fausse liste de prétendus représentants du Hirak qui auraient demandé à discuter avec le président Abdelmadjid Tebboune.
Avec les marches millionièmes de ce vendredi, il est difficile pour le régime de continuer à faire la sourde oreille aux cris du peuple. Car le pari de l’usure semble ne pas porter les fruits espérés. Bien au contraire, la détermination du peuple algérien à écarter «Tebboune l’usurpateur» et à instaurer «un Etat civil» se raffermit au fil des jours. Le nombre de manifestants qui marchent dans la rue grandit aussi.