La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) a dénoncé ce vendredi 11 juin, ce qu’elle appelle la «répression généralisée» qui s’est abattue sur de nombreux militants du Hirak, arrêtés chez eux ou à leur lieu de travail, à quelques heures des législatives anticipées du 12 juin.
C’est ainsi que Karim Tabbou, mais aussi Khaled Drareni et Ihsane El Kadi, respectivement opposant politique, journaliste et directeur de radio, ont été interpellés, kidnappés diront certains, par les services de sécurité jeudi soir.
Ces trois figures de proue du Hirak seraient détenues à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), relevant du ministère de la Défense. Plus précisément, elles sont incarcérées à la tristement célèbre caserne d’Antar à Alger, selon plusieurs médias algériens.
Le Comité national pour la libération des détenus a lui aussi confirmé de nombreuses autres arrestations de militants du Hirak dans d’autres wilayas et villes d’Algérie, la veille du 121e vendredi.
Selon de nombreux témoignages, c’est la crainte de voir ces importantes figures du Hirak sollicitées par les quelques représentants de médias internationaux autorisés à venir couvrir les législatives du 12 juin qui serait derrière leur arrestation. Pour rappel, tous les Algériens qui sont entrés au pays ces derniers jours ont été directement conduits dans des hôtels pour y être confinés, alors qu’aucun journaliste étranger venu pour couvrir les législatives n’a subi cette mesure imposée aux nationaux.
Ce climat de terreur n’a pas empêché les manifestants du Hirak de sortir, particulièrement en Kabylie, une région irréductible. A Béjaïa, c’est le slogan «Makanch intikhabat maa el issaba» (il n’y a pas de vote avec la bande), qui a été le slogan-phare scandé par les manifestants lors de ce 121e vendredi du Hirak.
«Ulac el vote ulac» ont également répondu en chœur des milliers de Hirakistes à Tizi Ouzou, alors que des pancartes ont été exhibées à Sétif, Boumerdès, Oum El Bouaghi, Mostaghnem en guise de gros bulletin de vote portant le slogan: «Non aux élections».
Face à cette désapprobation populaire, le pouvoir choisit d’aller à la dérive et oppose la répression à la volonté populaire. Dernier dérapage en date: dans le Journal officiel du jeudi 9 juin 2021 a été publiée une ordonnance modifiée (Ordonnance n° 21-08 du 8 juin 2021), signée par le président Abdelmadjid Tebboune, en vertu de laquelle tout opposant au régime qui œuvre pour «changer le système de gouvernance» sera désormais poursuivi pour «terrorisme».
Demain le scrutin aura lieu sans électeurs. Que va faire la junte au pouvoir? Désigner les millions d’abstentionnistes comme terroristes? Bâtir des camps de concentration pour les éduquer?