La capitale algérienne, véritable épicentre des manifestations du Hirak depuis février 2019, a été contrainte au confinement, pour la troisième semaine consécutive. Non pas à cause d’une quelconque explosion des contaminations au coronavirus, mais parce qu’un déploiement impressionnant des forces de l’ordre a rendu les artères principales de la capitale algérienne, impossibles à occuper, et ce, dès les premières heures de vendredi 4 juin 2021. Même les mosquées ont été désertées à l’heure de la prière hebdomadaire du vendredi.
Mais plusieurs autres villes algériennes ont bravé les interdictions de manifester et connu des marches populaires plus ou moins importantes ce vendredi, comme Béjaïa, Milla, Tlemcen, Tizi Ouzou et Bouira. Dans cette dernière, des centaines de manifestants réunis au centre-ville ont été rapidement encerclés et bloqués par les forces de l’ordre. Au moment de leur arrestation, certains d’entre eux se demandaient s’ils étaient dans «un Etat libre ou un pays colonisé».
C’est donc une nouvelle fois en Kabylie que la voix du Hirak a continué à se faire entendre avec force, particulièrement à Tizi Ouzou et à Béjaïa. D’ailleurs, dans ces deux villes, où des milliers de manifestants ont scandé les slogans habituels hostiles au pouvoir militaire, à ses «services» répressifs et à son président illégitime, les drapeaux algériens ont été plus nombreux que l’étendard amazigh. Une façon de signifier au régime que ses tentatives de diviser le Hirak sur des bases régionalistes, identitaires ou ethniques sont vaines.
Mais les slogans phares de cette journée du vendredi 4 juin ont fortement exprimé le rejet total des législatives prévues en fin de semaine prochaine, le 12 juin précisément. La campagne électorale de ces législatives ne suscite pas d’intérêt parmi la population. Ce qui augure d’un nombre record des abstentions et d’un retour en force des islamistes, les seuls capables de mobiliser leurs électeurs.
Ce 120e vendredi a également été marqué par le lancement d’un appel du Hirak sur les réseaux sociaux, en faveur des détenus politiques: «sur Facebook et sur Twitter, Instagram ou ailleurs, nous serons solidaires des détenus d’opinion, ces oubliés de la campagne électorale et de l’Algérie nouvelle». Il s’agit ainsi, faute de pouvoir descendre dans la rue pour exiger leur libération, de prendre d’assaut les réseaux sociaux avec des hashtags intitulés «#liberez-les-detenus-d-opinion».
Certains médias ne cessent ces derniers jours de mettre en exergue l’actuelle dérive répressive du régime algérien. Ils rappellent d’ailleurs que depuis le déclenchement du Hirak en 2019, plus de 15.000 militants ont été arrêtés, dont 500 ont été jugés et emprisonnés. Plus de 200 d’entre eux sont encore derrière les barreaux à ce jour.