Vidéo. Quand Gaïd Salah fait désormais la grande ouverture du JT télé

Le général Ahmed Gaïd Salah et le président Abdelaziz Bouteflika.

Le général Ahmed Gaïd Salah et le président Abdelaziz Bouteflika. . DR

Après avoir tressé les lauriers de Abdelaziz Bouteflika, 20 longues années durant, la télévision publique algérienne ne jure désormais plus que par le général Ahmed Gaïd Salah, auteur d’un véritable putsch militaire contre le président.

Le 28/03/2019 à 12h48

Les Algériens voulaient une démocratie. Après le véritable règne de Abdelaziz Bouteflika et de son clan, ils ont désormais droit à une dictature militaire qui n’a nul besoin de dire son nom. Les médias publics s’en occupent, du reste, avec zèle. Et ils ont très vite su prendre le pli. A commencer par la sacro-sainte ENTV (Etablissement national de télévision), soit la chaîne publique algérienne, l’équivalent de notre SNRT (Société nationale de radiodiffusion et de télévision).

Depuis sa tonitruante sortie, voici deux jours, mardi 26 mars, où il demande clairement la destitution du président Bouteflika, il ne se passe désormais plus un jour sans que l’ouverture du JT (soit le Journal télévisé) de cette chaîne ne soit inauguré par le chef d’état-major algérien, dans le même temps vice-ministre de la Défense et désormais l’homme fort du régime, le général Ahmed Gaïd Salah.

C’est comme si une acclimatation des Algériens par rapport à cette nouvelle tête, mais issue du même pouvoir, est actuellement en cours. En bonne chaîne publique aux mains des généraux, l’ENTV n’y va d'ailleurs pas de main morte.

Hier, mercredi 27 mars, ce sont pas moins de 10 minutes (une véritable hérésie télévisuelle -il faut le faire, par ailleurs) qui ont été consacrés au chef de l’armée, dorénavant érigé en chef d’Etat. Une quelconque annonce majeure? Pas le moins du monde. Une déclaration de guerre? Non plus. Une opération de grande importance? Passez votre chemin. C’est plutôt un rappel, pour ceux qui l'auraient oublié (et ils sont rares) de la visite qu'a effectuée ce haut gradé dans la 4e Région militaire d’où a appelé à l’application de l’Article 102, soit la destitution pour inaptitude d’un président souffrant depuis...2013.

Mieux encore, un grand expert est venu apporter sa caution morale à cette sortie de Gaïd Salah, confortant par là les liens «indéfectibles», entre le peuple et l’armée. Admirable. Mais il manque cependant les violons.

Le ton est d'ailleurs donné depuis plusieurs jours déjà. Le directeur de la première chaîne de télévision algérienne a été limogé et remplacé par un homme du sérail. Et à l’ENTV, l’expression est devenue, tout d’un coup, soudain, plus libre, et la parole médiatique, paraît libérée. A croire qu’on balisait déjà le terrain.

Une chose reste cependant sûre, la télévision publique s'est accordée à la'ir du temps, celui d’un vrai coup d’Etat militaire, un de plus, contre (cette fois-ci), les aspirations de tout un peuple. Avec le retournement de veste tant des politiques (FLN et RND en tête) et celui des syndicats (à commencer par le principal, l' UGTA) et aujourd’hui cette nouvelle mise au pas des médias, c’est tout le château de cartes de Bouteflika, déjà fragilisé, qui s’écroule.

Le peuple, suivra-t-il cette parade (militaire)? Verdict demain, vendredi, dans les rues d’Alger et du reste de ce pays. 

Par Tarik Qattab
Le 28/03/2019 à 12h48