Mieko Nagaoka va vers ses 102 ans et a déjà conquis dans l'eau une série de premières places mondiales pour sa classe d'âge. Mais elle n'a pas l'intention de s'arrêter là.
"Je suis en pleine forme", a-t-elle dit au cours d'un entretien accordé à l'AFP après avoir réalisé un 400 mètres nage libre en 26 minutes et 16 secondes 81 pour une compétition de l'Association japonaise de natation à Chiba, en banlieue de Tokyo.
"Le secret c'est de bien manger et d'être actif. Ce n'est pas bon de rester assis à mon âge. Je veux continuer à nager jusqu'à 105 ans, et au-delà", a ajouté cette native de Yamaguchi, dans le sud-ouest de l'archipel, qui a vécu 22 Jeux olympiques d'été jusqu'à présent.
Mme Nagaoka a nagé ce jour-là un dos crawlé en bonnet blanc et fringant maillot de bain noir et orange. Elle a terminé 17 bonnes minutes derrière le gagnant, le "jeune" Etsuko Azumi, 80 ans.
Dure d'oreille, elle n'a pas entendu les cris de la foule en terminant la huitième et dernière longueur de la course et repartait gaillardement pour une neuvième lorsque les juges l'ont sortie de l'eau sous l'oeil inquiet du personnel médical.
"C'est juste une compétition de plus", a souri Mme Nagaoka, après s'être coquettement habillée d'une veste rose clair et coiffée d'un chapeau assorti, qui lui illuminait le teint.
"Nager me rend heureuse, c'est pour cela que ça me plaît. Quand je nage, je suis dans mon petit monde à moi".
Avec le sprinter de 105 ans Hidekichi Miyazaki, entré dans le livre Guinness des records, Mme Nagaoka montre l'exemple aux retraités pleins d'entrain du Japon, où l'espérance de vie est une des plus élevées au monde.
Mais son temps chronométré était ce jour-là bien loin de son record du monde de 16 minutes, 36 secondes et 80 centièmes accompli il y a deux ans.
Ses concurrents, secs depuis longtemps, bavardaient au bord de la piscine lorsqu'elle a finalement atteint le but sous un tonnerre d'applaudissements. Toujours battante, elle s'est tournée vers l'avenir.
"Je veux continuer à nager aussi vite que je peux", a dit cette détentrice du record mondial des femmes de 100 à 104 ans dans neuf courses, dont le 1.500 m nage libre, une distance que la plupart des gens de son âge auraient du mal à parcourir à pied. "Tant que je serai en vie, je continuerai", dit-elle.
Elle est née en 1914, quelques jours après le début de la première guerre mondiale, et continue d'étonner ses entraîneurs et sa famille.
"Son attitude envers la vie est simplement scandaleuse", plaisante son fils Hiroyuki, âgé de 76 ans. "Elle refuse de respecter les règles. Elle n'accepte que les aliments les plus raffinés et boude tout ce qui ne lui plaît pas. On est censé lever le pied avec l'âge mais elle, elle a accéléré à partir de 90 ans et battu record après record. Cette joie de vivre et le sens qu'elle donne à la vie sont le secret de sa longévité".
Mme Nagaoka continue de s'entraîner trois fois par semaine à Yamaguchi, sous la direction de son coach de longue date, Shintaro Sawada. "Au début, je pensais qu'elle plaisantait quand elle disait vouloir nager après 100 ans, mais elle y croyait dur comme fer", dit cet homme de 41 ans. "Je n'ai jamais rien vu de tel. Elle mange quand elle veut, elle dort quand elle veut. Elle est têtue comme une mule et d'une détermination redoutable".
A ses côtés son fils rayonne alors de fierté. "Elle est incroyable. Mentalement elle est encore très alerte. C'est la maman la plus formidable du monde !".