Dimanche, la situation devait toujours être très perturbée dans les transports. Et le débat de fond sur les retraites apparaît parasité par la mise en cause de l'artisan de la réforme, le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye.
M. Delevoye est fragilisé par des soupçons de conflits d'intérêts avec le monde des assurances privées, après des omissions dans sa "déclaration d'intérêts", un document que doivent déposer les membres du gouvernement auprès d'une autorité scrutant le patrimoine et les activités des personnages publics.
Jean-Paul Delevoye a rectifié samedi ce document et déclaré 13 mandats d'administrateur ou de président, dont 11 bénévoles, dans divers organismes, selon le quotidien Le Monde.
Il avait, ces derniers jours, été vivement critiqué pour avoir exercé deux mandats rémunérés plusieurs dizaines de milliers d'euros par an auprès du groupe de formation IGS et d'un think-tank sur les assurances. Il a plaidé l'erreur et promis de rembourser, la Constitution française interdisant de cumuler une fonction gouvernementale et une autre activité professionnelle.
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Le "Monsieur Retraites" du gouvernement a reçu samedi le soutien du Premier ministre Édouard Philippe qui s'est dit convaincu de sa "bonne foi", éloignant l'incertitude qui planait sur une éventuelle démission.
De plus en plus inquiet de ne pas voir assez de trains circuler à Noël, le chef du gouvernement a sévèrement critiqué dimanche les grévistes, qui provoquent de très importantes perturbations dans les trains et dans les transports urbains.
"Noël, c'est un moment important. Il faudra que chacun prenne ses responsabilités. Je ne crois pas que les Français accepteraient que certains puissent les priver de ce moment", a-t-il déclaré au quotidien Le Parisien.
Les cheminots grévistes ont déjà annoncé qu'ils n'envisageaient pas de "trêve" pour les fêtes de fin d'année.
"Si le gouvernement veut que le conflit cesse avant les fêtes, il a toute la semaine prochaine pour prendre la décision de bon sens qui s'impose: le retrait de la réforme", a déclaré à l'AFP samedi Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots, premier syndicat des employés de la compagnie ferroviaire SNCF.
Le premier syndicat français, la CFDT, qui affichait au début du conflit une position modérée, s'est joint mercredi à la mobilisation contre le projet gouvernemental après l'annonce de la mise en place d'un "âge d'équilibre" de départ à la retraite à 64 ans en dessous duquel on ne touchera pas sa pension pleine.
Actuellement, il faut avoir 62 ans lors de son départ pour espérer toucher une retraite à taux plein.
"C'est très simple: pour que la CFDT porte un autre regard sur ce projet de loi, le gouvernement doit accepter de retirer l'âge d'équilibre. Un point, c'est tout", a déclaré le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger au Journal du dimanche.
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La position de la CFDT est cruciale. Le premier syndicat du pays est en effet le seul qui ne s'oppose pas au principal chapitre de la réforme, à savoir le remplacement des 42 régimes de retraite existants en France par un régime universel à points. Les autres organisations réclament l'abandon total du projet.
Le trafic restera très perturbé dimanche et lundi avec toujours un quart des trains à grande vitesse et un tiers des trains régionaux, ainsi que la quasi-totalité des lignes de métro fermées à Paris.
L'opinion publique semble, elle, toujours favorable à ce mouvement. Selon un sondage Ifop pour le JDD, 54% des Français soutiennent la grève (contre 46% le 1er décembre avant le début du mouvement et 53% après la mobilisation du 5 décembre), et 30% lui sont hostiles (la même proportion que la semaine passée).
Mardi, cheminots, étudiants, employés de la fonction publique, professions de santé, avocats, magistrats, enseignants sont attendus dans la rue pour une nouvelle journée de manifestations.