L'évacuation s'est déroulée dans le calme. Dans la matinée, des camions-bennes de la Ville de Paris s'activaient sur les quais pour enlever tentes, sacs de couchage et détritus tandis que les derniers migrants étaient acheminés vers les 24 structures d'accueil, essentiellement des gymnases. Selon le préfet de la région parisienne, Michel Cadot, 1.016 personnes ont été évacuées, dont 11 mineurs, un décompte inférieur aux précédentes estimations qui faisaient état de 1.600 à 2.000 migrants présents sur ce campement.
Cette évacuation, la 35e organisée dans la capitale depuis trois ans, "conduira à l'hébergement temporaire des personnes concernées (...) puis à l'examen de la situation administrative de ces personnes", a déclaré dans un communiqué le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, dont le projet de loi durcissant l'asile et l'immigration en France doit être adopté pendant l'été.
Originaires essentiellement du Soudan, de Somalie et d'Erythrée, ces migrants étaient installés depuis plusieurs mois dans des conditions de grande précarité dans des tentes serrées le long d'un canal, sous le périphérique parisien. Ibrahim, Soudanais, patientait avec ses camarades. "On attend, on attend tout le temps ici", se lamente-t-il. "On ne sait pas si on pourra rester en France. Moi je veux rester en France, je sais que je peux faire ma vie ici", dit-il.
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"On ne sait pas ce qui va se passer après, on craint (..) surtout une reprise de la chasse à l'homme qu'on avait vue il y a six mois pour empêcher les gens de replanter leur tente", déclare Martine, une bénévole qui a passé la nuit sur le campement. Les autorités ont également annoncé mercredi l'évacuation "dès que possible" des deux autres gros campements installés dans le nord-est de Paris, où vivent au total quelque 800 personnes.
Les tensions autour des migrants s'étaient récemment intensifiées après la mort par noyade d'un homme en mai près du campement et une violente rixe qui a fait un blessé grave dans un autre. La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, a demandé mercredi au gouvernement de "reconstruire" un centre d'accueil pour migrants dans la capitale, assurant qu'il s'agissait de la "seule solution" pour éviter "de nouveaux campements de rue". "Paris a pris sa part et si tout le monde est raisonnable, responsable, nous devons ouvrir un lieu d'accueil permettant d'éviter à ces gens d'être dans la rue", a-t-elle dit.
Un centre de premier accueil, situé dans le nord de Paris, servait de "sas" aux migrants depuis novembre 2016 mais il a été fermé début mai pour laisser place à une future université.