Cette mesure, instaurée dès hier soir, lundi 23 mars 2020, a été annoncée après un week-end qui a vu parcs et bords de mer pris d'assaut par des milliers de Britanniques, peu soucieux des recommandations officielles d'éviter les contacts non indispensables.
"A partir de ce soir, je veux donner aux Britanniques une instruction très simple: vous devez rester chez vous", a déclaré Boris Johnson, décrivant le virus comme "la menace la plus importante à laquelle ce pays a été confronté depuis des décennies".
Désormais, les Britanniques ne seront autorisés à sortir de chez eux que pour des cas très limités comme faire ses courses "aussi peu souvent que possible", aller travailler "quand c'est absolument nécessaire", se faire soigner ou faire de l'exercice une fois par jour, a précisé le chef du gouvernement conservateur lors d'une adresse à la nation.
Les rassemblements de plus de deux personnes sont interdits (sauf pour les personnes d'un même foyer) et tous les magasins de biens non essentiels (hors commerces alimentaires et de médicaments), ainsi que les lieux de culte, bibliothèques et aires de jeux sont fermés au public.
La police sera chargée d'appliquer ces dispositions et pourra sanctionner les contrevenants par des amendes.
"Nous ferons le point de nouveau dans trois semaines et assouplirons ces mesures si des éléments probants montrent que nous le pouvons", a ajouté Boris Johnson.
Le nouveau coronavirus a fait 335 morts et contaminé officiellement 6.650 personnes au Royaume-Uni, selon un bilan publié hier. La progression s'est nettement accélérée, au risque de submerger totalement les services hospitaliers britanniques et d'un scénario à l'italienne.
Selon une étude publiée lundi, notamment par l'University College London et l'université de Cambridge, le Royaume-Uni aurait enregistré 70.000 décès supplémentaires cette année sans changement de cap.
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Critiqué un temps pour sa réponse jugée timorée à l'épidémie de Covid-19, le gouvernement de Boris Johnson a durci son dispositif au fil de la semaine dernière, demandant au public d'éviter les contacts non indispensables, fermant les écoles puis les pubs, restaurants, cinémas et salles de gym.
Il n'avait cependant pas encore décrété de confinement aussi strict que la plupart des autres pays européens. Les appels à le faire s'étaient multipliés face à l'indiscipline des Britanniques.
L'exécutif avait haussé le ton et laissé entendre qu'il devrait prendre "des mesures supplémentaires" pour éviter un scénario de crise comme en Italie, l'épicentre de l'épidémie en Europe.
Pour accompagner les mesures drastiques adoptées, le gouvernement a déjà annoncé des mesures de soutien sans précédent aux entreprises et aux salariés affectés.
Il a par ailleurs soumis lundi aux députés britanniques un projet de législation d'urgence donnant aux autorités des pouvoirs extraordinaires pour lutter contre la propagation du virus, permettant des arrestations à des fins de santé publique ou la mobilisation de retraités des services médicaux.
Le texte, qui sera soumis à la Chambre des Lords mardi, a pour but d'aider le service public de santé (NHS) à affronter le virus et ralentir la progression de l'épidémie.
Les mesures n'entreront pas toutes en vigueur immédiatement et sont limitées à deux ans maximum. Le gouvernement a aussi accepté la demande de l'opposition de soumettre le texte au contrôle du Parlement tous les six mois.
Face à la propagation de la pandémie dans le monde et ses conséquences sur les transports, le ministère britannique des Affaires étrangères a, lui, appelé lundi tous les Britanniques voyageant à l'étranger à rentrer au Royaume-Uni.