Le mouvement qui a gagné de nombreuses villes du pays a été déclenché de manière spontanée jeudi par l'annonce d'une taxe sur les appels effectués via WhatsApp dans un pays à l'économie exsangue. Une décision annulée aussitôt sous la pression de la rue.
Mais les manifestations n'ont pas cessé depuis, jour et nuit.
Et tard samedi soir, le parti chrétien des Forces Libanaises, allié du Premier ministre Saad Hariri, a annoncé la démission de ses quatre ministres, car selon lui le "gouvernement n'est pas en mesure de prendre les mesures nécessaires pour sauver la situation".
Après une longue nuit de manifestations ayant rassemblé dans une ambiance festive des dizaines de milliers de personnes dans plusieurs régions du pays, les Libanais ont commencé à se rassembler de nouveau dimanche, selon des correspondants de l'AFP sur place.
Des volontaires nettoient les rues, munis de grands sacs bleus. Des éboueurs balaient et redressent des bennes renversées.
Samedi, des manifestants ont de nouveau incendié des pneus et bloqué des routes mais il n'y a pas eu de heurts avec les forces de sécurité. Vendredi des devantures de magasins et de banques avaient été saccagées et des dizaines de personnes arrêtées puis relâchées.
De Tripoli et Akkar, dans le nord, à Baalbeck dans l'est en passant par de nombreuses localités côtières et jusqu'à Tyr et Saïda dans le Sud, les manifestations ont gagné de l'ampleur.
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Arborant des drapeaux libanais, les manifestants ont défilé aux cris de "Révolution, révolution" ou "le peuple veut la chute du régime", slogans phares du Printemps arabe. Nombreux parmi eux ont chanté et dansé.
A Tripoli, une ville pourtant conservatrice, la foule massée place al-Nour a dansé au rythme d'une musique animée par un DJ et diffusée via haut-parleurs.
Fait aussi rare que marquant, le mouvement de contestation a gagné des fiefs des puissants mouvements chiites Hezbollah et Amal.
Fermées depuis vendredi, les banques resteront fermées lundi, selon l'agence nationale d'information (ANI).
Lundi aussi expire l'ultimatum lancé par Hariri qui a donné 72 heures à sa fragile coalition gouvernementale pour approuver ses réformes, insinuant qu'il pourrait démissionner.
Alors que plus du quart de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque Mondiale, la classe politique, quasi inchangée depuis la guerre civile (1975-1990), est accusée d'affairisme dans un pays aux infrastructures en déliquescence -pénurie chronique d'électricité et d'eau potable- et où la vie est chère. La dette publique culmine à plus de 86 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB.