Le ton est très dur, l’attitude menaçante et les propos à peine voilés: si les Algériens continuent de manifester contre un 5è mandat du président Abdelaziz Bouteflika, c’est un bain de sang qui les attend.
C’est ainsi que le vice-ministre de la Défense, chef d’Etat-major de l’ANP et tout puissant Ahmed Gaïd Salah, s’est à nouveau rappelé au souvenir de ses concitoyens, ce mardi 5 mars.
C’était lors d’un discours à l’occasion de sa visite d’inspection à l’académie militaire de Cherchell, qu'il a tenu des propos qui ont, par ailleurs, été repris in extenso sur le site Internet du ministère de la Défense.
Insensible au cri du peuple, au vent de changement qui traverse actuellement toutes les villes d'Algérie, et la volonté des Algériens de transformer un régime fossilisé, Gaïd Salah traite de «forces malintentionnées jalouses de la stabilité et de la paix qui règnent» les personnes qui seraient derrière les manifestations.
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Il déclare également dans ce discours que l’ANP prendra, comme toujours, ses pleines responsabilités pour que la stabilité du pays soit irréversible.
«Le peuple ne gâchera pas la paix dont il jouit. La sécurité acquise sera davantage renforcée. L’ANP va continuer à maîtriser tous les instruments relatifs au maintien et au renforcement de cet acquis», assure ainsi le chef d’Etat-major de l’armée populaire algérienne. En d'autres termes, l’armée fera face au peuple s'il continue à ne pas être à la hauteur de la paix dont il jouit. C'est inédit, surréaliste et suffisamment emblématique d'un régime si bien dépassé par les événements qu’il ne lui reste que la menace de la répression pour se faire entendre.
Le peuple, quant à lui, doit selon Gaïd Salah «savoir comment se comporter dans ce contexte particulier que traverse le pays». Sinon, c'est la répression.
L'argument du haut gradé algérien? La volonté de certaines forces, qu’il ne nomme pas, de porter atteinte à la stabilité de l’Algérie. Une vieille rengaine qui instruit sur la cécité et la surdité du pouvoir en Algérie.
Là encore, le «lourd tribut» payé par les Algériens durant la décennie noire de la guerre civile est le prétexte idéal que sort Gaïd Salah pour justifier ses menaces. Ajoutez à cela...le terrorisme, et le tour est joué. Ce n'est d’ailleurs pas la première sortie du général Gaïd Salah contre les manifestants.
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Mardi 26 février dernier, en effet, Ahmed Gaïd Salah était sorti de la réserve à laquelle il est pourtant tenu pour dénoncer les appels à manifester contre la candidature de Bouteflika, lancés sur les réseaux sociaux.
Des appels qu’il a qualifiés de «douteux» tout en traitant les Algériens d’«égarés».
Voilà comment, au lieu d’apaiser les esprits, le chef d’Etat major de l’Armée nationale populaire ne fait qu’attiser les braises d’une situation déjà bien tendue. Quand l'armée menace de tirer sur des citoyens qui manifestent pacifiquement, il faut toujours s'attendre au pire.