Des frappes nocturnes ukrainiennes ont fait un mort dans la région de Lipetsk en Russie, les forces de Moscou assurant vendredi avoir abattu une centaines de drones.
«Cette nuit, un drone s’est écrasé sur le terrain d’une des entreprises agricoles du district de Khlevensky», à environ 500 kilomètres au sud de Moscou, ce qui a provoqué un incendie, a dit le gouverneur de la région de Lipetsk, Igor Artamonov, sur Telegram. «Une personne est morte, une autre a été blessée», a-t-il ajouté. Au total, dans la nuit «les systèmes de la défense aérienne en service ont intercepté et détruit 155 drones ukrainiens», dont 53 dans la région de Koursk, frontalière de l’Ukraine, a indiqué le ministère russe de la Défense sur le même réseau social.
La Russie a multiplié ces dernières semaines les frappes nocturnes sur l’Ukraine, et notamment sur la capitale, battant chaque semaine des records en nombre d’engins tirés, fournis par une industrie de défense qui tourne à plein régime. Les négociations en vue d’une issue diplomatique au conflit sont, elles, dans l’impasse.
Dans ce contexte, Marco Rubio a indiqué jeudi que Sergueï Lavrov lui avait présenté «une nouvelle idée ou un concept nouveau» qu’il allait désormais «rapporter au président (Donald Trump) pour en discuter».
Selon lui, il ne s’agit pas d’une «nouvelle approche», ni d’une initiative menant «automatiquement à la paix» mais d’une «nouvelle idée» qui «pourrait potentiellement permettre d’ouvrir la porte» vers une issue possible.
M. Rubio a aussi assuré avoir signifié à son homologue, lors de cet «échange franc» à Kuala Lumpur, la «déception» et la «frustration» de M. Trump face au «manque de progrès» pour mettre fin à l’invasion russe de l’Ukraine lancée en 2022.
Après deux rounds de négociations directes entre Russes et Ukrainiens à Istanbul, le Kremlin continue de rejeter l’idée d’un cessez-le-feu. Il réclame que l’Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées et renonce à intégrer l’Otan, des conditions inacceptables pour Kiev.
Côté européen, le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi la décision de renforcer «jusqu’à 50.000 hommes» la force expéditionnaire conjointe franco-britannique, qui doit servir de socle à un potentiel contingent militaire pour garantir un cessez-le-feu en Ukraine.
La Russie s’oppose au déploiement d’une telle force en Ukraine.
«Accord entre l’Otan, Washington et Kiev»
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit sur X être «prêt» à différentes approches pour renforcer la défense de son pays, comme l’achat de moyens de défense «auprès des États-Unis, conjointement avec l’Europe».
De son côté, Donald Trump a révélé des détails sur ce qu’il a présenté comme un nouvel accord entre les États-Unis, l’Otan et l’Ukraine, lors d’un entretien avec la chaîne américaine NBC jeudi soir.
«Nous envoyons des armes à l’Otan et l’Otan paie ces armes, à 100% (…) Et ensuite l’Otan va donner ces armes» à l’Ukraine, a dit le président américain sur NBC, au sujet d’un accord conclu le mois dernier, d’après M. Trump.
M. Trump a par ailleurs indiqué qu’il ferait une «déclaration importante sur la Russie» lundi.
Du côté de l’Otan, le secrétaire général de l’Alliance, Mark Rutte, a indiqué s’être entretenu avec Donald Trump et travailler «avec les Alliés pour apporter à l’Ukraine l’aide dont elle a besoin».
«Tout a brûlé»
L’entretien Rubio–Lavrov se déroulait quelques heures après une nouvelle attaque aérienne russe d’ampleur contre l’Ukraine, qui a causé la mort de deux personnes et en a blessé 22 autres, selon les secours.
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Depuis Rome, Volodymyr Zelensky a appelé ses alliés occidentaux, comme les jours précédents, à imposer «plus rapidement» de nouvelles sanctions envers Moscou.
Selon l’armée de l’air ukrainienne, la Russie a tiré 415 drones et missiles, dont 382 ont été interceptés, détruits ou perdus.
Des journalistes de l’AFP à Kiev ont entendu pendant plusieurs heures de puissantes déflagrations et vu les explosions de projectiles interceptés dans le ciel par la défense antiaérienne.
Rencontrée près d’un des lieux sinistrés, Nadia Voïtsekhivska, une habitante, a raconté que sa sœur était en état de choc après avoir réussi à échapper à un incendie dans son immeuble.
«Dieu merci, tout le monde a survécu. Mais son mari a été emmené par une ambulance», dit-elle. «Tout a brûlé».
Signe de l’intensification récente des frappes russes en Ukraine, une mission de l’ONU a annoncé jeudi avoir recensé pour le seul mois de juin un nombre record de morts civils (232) et de blessés (1 343) depuis trois ans, dans une guerre qui a déjà fait au moins des dizaines de milliers de morts des deux côtés, dont de nombreux civils ukrainiens.
En Russie, deux civils ont été tués dans la région de Belgorod et un autre dans celle de Koursk par plusieurs attaques de drones ukrainiennes jeudi, selon les autorités locales.
«Moscou veut des signaux»
Malgré l’absence d’avancées diplomatiques significatives, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réfuté jeudi l’idée selon laquelle les discussions de paix étaient au point mort.
Il a assuré que Moscou attendait «des signaux de Kiev» pour convenir d’une date pour un troisième cycle de pourparlers bilatéraux, après deux réunions peu fructueuses mi-mai et début juin.
Les hostilités se poursuivront tant que Moscou considérera impossible de «réaliser ses objectifs» par la seule voie diplomatique, a-t-il répété.
Les forces russes, qui occupent près de 20% du territoire ukrainien après plus de trois ans de guerre, continuent de progresser sur le front. Elles ont revendiqué en début de semaine la prise d’une première localité dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est).












