Ukraine: 26 pays promettent des «garanties» de sécurité, Moscou oppose son veto

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (à droite), serre la main du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avant une réunion à la Commission européenne à Bruxelles, le 17 août 2025. AFP or licensors

Vingt-six pays, essentiellement européens, se sont engagés jeudi à Paris à soutenir militairement l’Ukraine au sol, en mer et dans les airs dans le cadre d’un futur cessez-le-feu, tandis que le Kremlin rejetait vendredi catégoriquement toute garantie militaire occidentale accordée à Kiev.

Le 05/09/2025 à 06h31

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué avoir évoqué avec son homologue américain Donald Trump l’adoption de nouvelles sanctions contre Moscou et la protection du ciel ukrainien face aux attaques russes, lors d’une conversation téléphonique.

Réunis au sommet de la Coalition des volontaires, co-dirigée par Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer, les 26 pays se sont «formellement engagés» jeudi à «déployer comme force de réassurance des troupes en Ukraine, ou à être présents sur le sol, en mer ou dans les airs», a déclaré le président français en conférence de presse.

En vertu de ces plans, dont il a refusé de dévoiler les détails ni de préciser les contributions pays par pays, «le jour où le conflit s’arrête, les garanties de sécurité se déploient», a-t-il expliqué, que ce soit par un «cessez-le-feu», un «armistice» ou un «traité de paix». Il ne s’agit donc pas «de mener quelque guerre contre la Russie» mais bien de la dissuader d’attaquer à nouveau l’Ukraine.

«Soutien américain», assure Macron

Emmanuel Macron a souligné que l’Allemagne, l’Italie et la Pologne figuraient parmi les «contributeurs importants». Ces trois poids lourds européens avaient émis des réserves, conditionnant leur engagement à un «filet de sécurité» solide de Washington.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni a répété qu’à l’issue de la réunion, Rome n’enverrait pas de troupes en Ukraine. L’Allemagne privilégierait de son côté le renforcement de la défense antiaérienne ukrainienne et l’équipement de ses forces terrestres, selon des sources gouvernementales citées par l’AFP.

Vendredi matin, le Kremlin a opposé une fin de non-recevoir.

«Les étrangers, en particulier les contingents militaires européens et américains, peuvent-ils garantir la sécurité de l’Ukraine? Absolument pas, ils ne le peuvent pas», a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, à l’agence Ria Novosti, ajoutant que la Russie devait également bénéficier de garanties pour sa propre sécurité. Il a accusé les Européens d’«entraver» le règlement du conflit.

Le rôle du «backstop» américain faisait l’objet d’une visioconférence avec Donald Trump à l’issue du sommet, à laquelle a aussi participé son émissaire spécial Steve Witkoff, présent à l’Élysée. Aucune annonce concrète n’a suivi.

«Nous comptons sur le “backstop” des États-Unis», a répété Zelensky lors de la conférence de presse. Dans un message publié plus tard sur Facebook, il a précisé avoir discuté avec des dirigeants européens et Donald Trump de différentes options, dont «la pression par des mesures fortes, notamment économiques» et «la protection maximale du ciel ukrainien».

Emmanuel Macron a pour sa part assuré que le «soutien américain» serait finalisé «dans les prochains jours» et que les États-Unis avaient «été très clairs» sur leur participation. «Il n’y a pas de doute sur ce sujet», a-t-il martelé.

Nouvelles sanctions en discussion

La réunion a permis aux Européens de réaffirmer leur volonté d’accentuer la pression sur la Russie afin de la pousser à négocier.

Keir Starmer a jugé «nécessaire d’augmenter la pression» sur Vladimir Poutine, qui «continue à repousser des négociations de paix et à mener des attaques scandaleuses contre l’Ukraine», a indiqué un porte-parole à Londres.

À la clôture des travaux, Emmanuel Macron a assuré que de nouvelles sanctions seraient prises «en lien avec les États-Unis» si Moscou persistait à refuser la paix. Il a évoqué un «travail conjoint» sur des mesures visant également des pays qui «soutiennent» l’économie russe ou aident Moscou à «contourner les sanctions»: «et à ce titre, la Chine a été évoquée», a-t-il précisé.

Les Européens réclament depuis des mois l’adoption de telles sanctions par Washington, sans succès jusqu’ici.

Donald Trump, se disant «très déçu» par son homologue russe, avait prévenu mercredi «qu’il se passerait quelque chose» si Moscou ne répondait pas à ses attentes de paix. Jeudi soir, il a annoncé qu’il s’entretiendrait prochainement avec Vladimir Poutine.

Le président américain «est très mécontent que du pétrole russe soit acheté par l’Europe», a souligné Volodymyr Zelensky, citant la Slovaquie et la Hongrie.

Le 18 août, lors d’une rencontre à Washington avec six dirigeants européens, Donald Trump avait promis que les États-Unis apporteraient des garanties de sécurité à Kiev, sans en préciser la forme. Ce «filet de sécurité» pourrait inclure le renseignement, le soutien logistique ou les communications, mais pas l’envoi de troupes américaines au sol, exclu par le président américain.

Par Le360 (avec AFP)
Le 05/09/2025 à 06h31