Après les Néerlandais jeudi, puis les Irlandais et les Tchèques vendredi, les Slovaques, les Italiens, les Lettons et les Maltais votent ce samedi pour les élections européennes, qui s’échelonnent sur 4 jours dans les 27 pays. Dans la plupart des États membres, dont la France et l’Allemagne, le vote aura lieu dimanche. Au total, 720 membres du Parlement européen doivent être élus, sur fond de poussée attendue des droites nationalistes.
En Slovaquie, le scrutin -qui doit désigner 15 eurodéputés- se déroule après une tentative d’assassinat contre le chef de gouvernement Robert Fico, blessé par balles le 15 mai, alors qu’il saluait ses partisans à l’issue d’une réunion du gouvernement.
Dans ce pays de 5,4 millions d’habitants, membre de l’Otan et de l’UE depuis 2004, l’attentat contre le dirigeant populiste a fait grimper en flèche son parti Smer-SD selon les derniers sondages. Le Premier ministre de 59 ans, amaigri après deux longues interventions chirurgicales, a annoncé mercredi qu’il était prêt à reprendre le travail ce mois-ci et décrit son assaillant comme un «messager» de «la haine politique».
L’attaque a alimenté la campagne de son parti, le Smer-SD, mobilisé autour du slogan «Pour Robert Fico, pour la Slovaquie». Le Smer-SD s’oppose aux livraisons d’armes à l’Ukraine et fustige «les attaques croissantes des bellicistes de Bruxelles». Reste à voir quel sera le taux de participation pour élire les quinze eurodéputés slovaques: il n’était que de 22,7% lors des dernières Européennes en 2019, l’un des plus faibles dans l’UE.
«Une majorité alternative»
Dans l’après-midi, les projecteurs vont se déplacer vers l’Italie, troisième pays de l’UE, où Giorgia Meloni s’est personnellement impliquée dans la campagne en prenant la tête de liste du parti post-fasciste Fratelli d’Italia (FDI).
Dans ce pays où les opérations de vote se poursuivront jusqu’à dimanche soir pour élire 76 eurodéputés, la formation de la cheffe de gouvernement est créditée de 27% des intentions de vote par les derniers sondages, suivie du Parti démocrate (gauche) avec 21% et du Mouvement Cinq Etoiles (populiste) avec 15,5%.
FDI pourrait envoyer 22 députés au Parlement européen, contre six actuellement, et contribuer à la poussée attendue de l’extrême droite dans l’hémicycle. Ce qui pourrait confirmer le rôle central de Giorgia Meloni, dont le soutien sera crucial pour la candidature d’Ursula von der Leyen, issue du PPE (droite), à un second mandat à la tête de l’exécutif européen.
La dirigeante italienne est courtisée par Ursula von der Leyen, qui voit en elle une partenaire fréquentable, pro-européenne et pro-Ukraine. Mais aussi par la figure de proue du RN français Marine Le Pen, dont le parti est donné largement en tête et qui nourrit l’espoir de constituer un grand groupe nationaliste au Parlement.
Les forces eurosceptiques et d’extrême droite sont actuellement divisées en deux groupes dans l’hémicycle et Giorgia Meloni s’est jusqu’à présent montrée prudente sur une possibilité d’union. «Mon objectif est de créer en Europe une majorité alternative à l’actuelle, en renvoyant les gauches de toutes tendances dans l’opposition», martèle-t-elle depuis des semaines, désireuse de reproduire à l’échelle européenne ce qu’elle a fait en Italie.
Son gouvernement y est soutenu par une coalition englobant la Ligue d’extrême-droite mais aussi le parti de droite traditionnelle Forza Italia, membre du Parti populaire européen (PPE, première force au Parlement européen).
L’immigration comme cheval de bataille
Omniprésente ces derniers jours dans les médias nationaux, Mme Meloni a effectué mercredi une visite en Albanie, où son gouvernement prévoit d’ouvrir en août des centres d’accueil pour des migrants secourus en mer. Un moyen de mettre en avant la lutte contre l’immigration irrégulière, l’un des chevaux de bataille ayant contribué à son arrivée au pouvoir en octobre 2022.
Cet accord avec l’Albanie, fustigé par l’opposition et les ONG de secours aux migrants, «pourrait être reproduit dans de nombreux pays, devenir une partie de la solution structurelle de l’UE», a-t-elle plaidé. Ursula von der Leyen a quant à elle accueilli favorablement cet accord, y voyant «un modèle (...) sortant des sentiers battus».