Des palmiers de Floride aux montagnes verdoyantes du New Hampshire en passant par la Pennsylvanie et la Caroline du Nord pour finir dans le Michigan, le milliardaire a abattu des milliers de kilomètres lundi pour mettre le point final d'une campagne au ton corrosif inédit.
L'espoir régnait chez ses supporteurs, qui se sentent oubliés par le système. C'est à cette Amérique blanche et traditionnelle, angoissée par la mondialisation, qu'il s'adresse avant tout.Symbole de la soirée, c'est Ted Nugent, une vieille gloire du hard rock et défenseur des armes, qui chauffait lundi soir la salle de son dernier meeting à Grand Rapids, dans le Michigan. Rien en comparaison des paillettes de la campagne de Hillary Clinton avec ses stars, de Beyoncé à Bruce Springsteen ou Lady Gaga.
"Les choses ne vont pas très bien aux Etats-Unis depuis dix ans et on a besoin de changement", témoigne Michael Tyson, vendeur de souvenirs à l'effigie de Donald Trump à Raleigh, en Caroline du Nord. "Il y a deux types de gens dans le monde et je pense que lui, c'est le genre qui accomplit les choses".
Haine profonde pour Hillary ClintonUne méfiance, voire une haine profonde, envers Hillary Clinton résonne partout chez les partisans du républicain. A travers les Etats-Unis, ils brandissent des caricatures de la démocrate, souvent derrière les barreaux, parfois même au centre d'une cible. "Enfermez-là": du Nord au Sud, ils scandent cette phrase quand le milliardaire fait allusion à l'affaire des emails de sa rivale.
Dans le public à Manchester (New Hampshire), Jack Keefe, 18 ans, était en admiration devant le candidat républicain de 70 ans. "Son énergie est tout simplement époustouflante. Je crois que s'il perd, je vais juste prier pour que Hillary Clinton ne soit pas aussi mauvaise que je le crains".
"Hillary Clinton est la personne la plus corrompue à avoir jamais cherché à être élue président des Etats-Unis", a accusé Donald Trump tout au long de la journée. "Et rien ne lui arrive jamais. Elle est protégée par un système complètement truqué", a-t-il asséné, promettant, en reprenant son expression favorite, de "curer le marigot" de l'establishment à Washington. A chaque réunion publique ce même registre populiste.
"Imaginez seulement ce que notre pays pourrait accomplir si nous commencions à travailler ensemble comme un seul peuple, sous un seul Dieu, saluant le drapeau américain", a-t-il dit tôt mardi matin en conclusion de sa toute dernière réunion publique dans le Michigan.
"Belle chevelure"Plus tôt à Sarasota en Floride, il avait brièvement adopté un ton plus badin, en brandissant un masque à son effigie apporté par un supporteur. "Belle chevelure", a plaisanté le milliardaire, qui ne portait exceptionnellement pas sa célèbre casquette marquée de son slogan "Rendre sa grandeur à l'Amérique" (Make America great again).
Après une campagne de plus de 18 mois, les candidats tentaient d'arracher dans les dernières heures la moindre voix pouvant leur donner l'avantage dans les Etats-clés où se jouera l'élection.
Les étapes du républicain témoignaient de cet objectif, les deux adversaires étant au coude à coude en Caroline du Nord et en Floride. Optimiste, il affirmait lundi qu'il allait les remporter, ainsi que des Etats traditionnellement démocrates.
Dans la journée de samedi, Donald Trump a parcouru pas moins de 7.200 kilomètres, puis 4.800 dimanche, et enfin ce marathon de cinq étapes lundi.
Roxanne Cahill, une infirmière de 52 ans, assurait dans un de ses meetings que de nombreux électeurs n'osaient pas afficher publiquement leur soutien pour Donald Trump. "Il va remporter le New Hampshire, ça va être une victoire écrasante".
Surfant sur la même idée d'un vote caché en sa faveur, ignoré par les sondages, qui rappellerait le choix surprise des Britanniques pour une sortie de l'Union européenne, l'homme d'affaires a encore prédit à Raleigh sa victoire: "Demain sera une journée véritablement historique. Ca va être un Brexit puissance trois".
Grisé par l'enthousiasme de la foule, tapant dans ses mains et encourageant ses partisans, Donald Trump donnait l'impression qu'il aurait du mal à quitter la scène politique, lui qui n'avait jamais auparavant brigué de mandat électif.
"Je suis vraiment très heureux d'avoir fait ça. Cela a été une expérience exceptionnelle", a-t-il confié. Nul ne sait, s'il perd mardi les élections comme le prédisent la plupart des sondages, quel sera son avenir politique.