Trump et Zelensky à Paris: ballet diplomatique pour Notre-Dame

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à gauche) et l'ancien président américain Donald Trump, se rencontrant le 27 septembre 2024 à New York

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à gauche) et le président américain Donald Trump, se rencontrant le 27 septembre 2024 à New York.

Le président élu américain Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky seront reçus l’un après l’autre samedi à Paris par le chef de l’Etat français Emmanuel Macron, avant d’assister en soirée à la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, a annoncé la présidence française.

Le 07/12/2024 à 07h35

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a en revanche renoncé à faire le déplacement, après avoir irrité les autorités françaises en se rendant à Montevideo pour y annoncer vendredi la conclusion d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et quatre pays d’Amérique du Sud, auquel s’oppose la France, entre autres pays européens.

Mais Paris sera d’ores et déjà un rendez-vous diplomatique majeur samedi: Emmanuel Macron recevra à l’Elysée d’abord Donald Trump - dont ce sera le premier déplacement à l’étranger depuis son élection le 5 novembre, puis Volodymyr Zelensky.

La présidence française n’a pas donné de précision sur une éventuelle réunion à trois entre les présidents, ni sur un éventuel entretien entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, qui serait leur première rencontre depuis l’élection américaine.

Une rencontre Trump-Zelensky est «possible», de même que «d’autres rencontres» entre le président ukrainien et certains des nombreux chefs d’Etat ou de gouvernement attendus samedi pour admirer la cathédrale Notre-Dame restaurée après son dramatique incendie du 15 avril 2019, a indiqué pour sa part à l’AFP un haut responsable ukrainien.

MM. Trump et Zelensky n’ont eu, depuis la victoire du premier à l’élection américaine, qu’un entretien téléphonique d’une vingtaine de minutes le 6 novembre.

Samedi, le président français devait prendre la parole sur le parvis de la cathédrale reconstruite après l’incendie du 15 avril 2019, avant que ses portes ne s’ouvrent pour une cérémonie liturgique. En raison de conditions météo défavorables, l’intégralité de la cérémonie aura finalement lieu à l’intérieur de l’édifice.

Avant cela, M. Macron s’entretiendra avec son homologue américain à 16H00 locales puis avec son homologue ukrainien à 17H00, selon la présidence.

Contexte international explosif

La composition de la future administration Trump suscite des inquiétudes sur ses intentions à l’international, alors que le cessez-le-feu au Liban reste très fragile, que la guerre à Gaza se poursuit, que le programme nucléaire iranien fait redouter le pire et que la rhétorique russe se fait de plus en plus menaçante.

Dans ce contexte explosif, Emmanuel Macron cherche à renouer au plus vite avec le prochain locataire de la Maison Blanche, en espérant exercer plus d’influence qu’il n’en avait eue lors du premier mandat Trump.

Très critique des milliards de dollars débloqués par les États-Unis pour l’Ukraine, le président élu a promis de régler la guerre entre Kiev et Moscou avant même de prêter serment le 20 janvier, sans jamais expliquer comment.

Contrairement à l’administration démocrate sortante de Joe Biden, Donald Trump n’a en outre jamais évoqué la nécessité d’une victoire pour l’Ukraine, attaquée par la Russie en février 2022.

La France entend, elle, poursuivre son soutien à Kiev pour mettre son président en position de force quand il souhaitera négocier avec Moscou. Pour l’heure, le président russe Vladimir Poutine refuse, lui, toute tractation, convaincu de pouvoir prendre l’avantage sur le terrain.

Von der Leyen absente

Outre Trump et Zelensky, une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement assisteront samedi à la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Avec d’autres sujets diplomatiques potentiellement au menu des discussions, à commencer par l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur.

Ursula von der Leyen avait fait savoir initialement qu’elle ferait le déplacement de Paris, avant qu’une porte-parole annonce in extremis vendredi que ce ne serait finalement pas le cas, invoquant une «mauvaise communication interne».

Une façon d’éviter un échange potentiellement houleux en personne avec Emmanuel Macron.

Le président français lui avait en effet clairement signifié, jeudi, que l’accord n’était «pas acceptable en l’état» sur nombre de sujets, de l’agriculture au respect de l’accord de Paris sur le climat, en passant par les mesures miroir pour garantir le respect des normes européennes.

La présidence française a tenu à souligner vendredi que l’annonce de la conclusion des négociations Mercosur était de «la responsabilité» de la Commission, mais que «l’accord n’était ni signé, ni ratifié». «Il n’y a aucune entrée en vigueur de l’accord avec le Mercosur», insistait-on vendredi soir à l’Elysée.

En France, cet accord a toujours suscité une vive opposition en particulier dans les milieux agricoles, le document supprimant la majorité des droits de douane entre les deux zones.

L’accord permet notamment aux pays sud-américains d’exporter vers l’UE des quantités fixes de boeuf, de volailles et de porc, en échange pour les constructeurs automobiles européens, par exemple, de bénéficier en sens inverse d’un régime préférentiel pour leurs exportations vers les pays d’Amérique du Sud signataires de l’accord.

Par Le360 (avec AFP)
Le 07/12/2024 à 07h35